Aunom de la vérité - Jalousie en entreprise : Retrouvez le résumé de votre programme, et les prochaines diffusions du programme Au nom de la vérité avec Le Parisien Aller au contenu. Menu. Accueil - Programme TV; Films; Séries; Emissions; Divertissement; Sport; VOD; S'abonner. Saison . Au nom de la vérité - Jalousie en entreprise. Comédie sociale; 25 min; 2014; Synopsis
LE RÉSUMÉ DE TEXTE II La concision est la qualitĂ© essentielle que requiert le rĂ©sumĂ© d'un ensemble de termes inscrits dans une Ă©numĂ©ration, une sĂ©rie d'exemples, ou d'un rĂ©seau de pĂ©riphrases et de redites, vous devez savoir choisir le terme unique qui en sera le juste Ă©quivalent. Pour vous y entraĂźner, cette page propose Exercices de reformulation Exercices de rĂ©sumĂ©. RÉCAPITULONS LES RÈGLES DE LA CONCISION La suppression - supprimer les exemples illustratifs, les citations. - les digressions qui sortent du champ argumentatif. - les reprises, les redites. - les pĂ©riphrases. L'intĂ©gration - passer de l'Ă©numĂ©ration au terme gĂ©nĂ©rique. - reprendre un champ lexical par son terme englobant. - condenser les exemples argumentatifs. Le rĂ©agencement - une seule phrase complexe peut rendre compte de plusieurs phrases du texte. - un verbe peut Ă  lui seul rendre compte d'une relation logique. - nominaliser prĂ©fĂ©rer le substantif au lieu du verbe, la juxtaposition au lieu de la subordination la phrase simple, l'adjectif en apposition. - un signe de ponctuation pourra rendre compte d'une articulation logique ainsi le signe peut exprimer Ă  lui seul la cause ou la consĂ©quence. EXERCICES DE REFORMULATION Nous avons colorĂ© diffĂ©remment les unitĂ©s de sens qu'a rĂ©vĂ©lĂ©es la structure de ce texte progressivement, nous allons les traiter dans la perspective d'une reformulation. Rien que la vĂ©ritĂ© ou toute la vĂ©ritĂ© ? Jean Lacouture, Courrier de l'UNESCO», septembre 1990. Le dĂ©bat que le journaliste mĂšne avec sa conscience est Ăąpre, et multiple, d'autant plus que son mĂ©tier est plus flou, et dotĂ© de moins de rĂšgles, et pourvu d'une dĂ©ontologie plus flottante que beaucoup d'autres... Les mĂ©decins connaissent certes, et depuis l'Ă©volution des connaissances et des lois, de cruelles incertitudes - dont mille enquĂȘtes, tĂ©moignages et dĂ©bats ne cessent de rendre compte. Les avocats ne sont guĂšre en reste, ni les chercheurs et leurs manipulations biologiques ou leurs armes absolues, ni les utilisateurs militaires de ces engins. Mais enfin, les uns et les autres ont leur serment d'Hippocrate, leur barreau, leurs conventions de GenĂšve. Les journalistes, rien. Il n'est pas absurde de comparer leur condition Ă  celle d'un missile tĂ©lĂ©guidĂ© qui ignorerait aussi bien la nature de la mission que l'orientation du pilote et qui serait programmĂ© de telle façon qu'il ne soit pointĂ© ni en direction de la terre, pour Ă©viter les accidents, ni en direction de la mer, pour prĂ©venir la pollution. A partir de ces donnĂ©es, le journaliste est un ĂȘtre libre et responsable, auquel il ne reste qu'Ă  faire pour le mieux en vue d'Ă©clairer ses contemporains sans pour autant faire exploser les mille soleils d'Hiroshima. En apparence, l'objectif est clair, autant que le serment d'Hippocrate dire la vĂ©ritĂ©, rien que la vĂ©ritĂ©, toute la vĂ©ritĂ©, comme le tĂ©moin devant le tribunal. Mais Ă  ce tĂ©moin, le prĂ©sident du jury ne demande que la vĂ©ritĂ© qui lui a Ă©tĂ© humainement perceptible, celle qu'il a pu apprĂ©hender en un certain lieu, Ă  une certaine heure, relativement Ă  certaines personnes. Au journaliste est demandĂ©e une vĂ©ritĂ© plus ample, complexe, dĂ©multipliĂ©e. En rentrant de dĂ©portation, LĂ©on Blum, qui avait Ă©tĂ© longtemps journaliste, dĂ©clarait devant ses camarades qu'il savait dĂ©sormais que la rĂšgle d'or de ce mĂ©tier n'Ă©tait pas de ne dire que la vĂ©ritĂ©, ce qui est simple, mais de dire toute la vĂ©ritĂ©, ce qui est bien plus difficile ». Bien. Mais qu'est-ce que toute la vĂ©ritĂ© », dans la mesure d'ailleurs oĂč il est possible de dĂ©finir rien que la vĂ©ritĂ© » ? [...] L'interrogation du journaliste ne porte pas seulement sur la part de vĂ©ritĂ© qui lui est accessible, mais aussi sur les mĂ©thodes pour y parvenir, et sur la divulgation qui peut ĂȘtre faite. Le journalisme dit d'investigation » est Ă  l'ordre du jour. Il est entendu aujourd'hui que tous les coups sont permis. Le traitement par deux grands journalistes du Washington Post de l'affaire du Watergate a donnĂ© ses lettres de noblesse Ă  un type d'enquĂȘte comparable Ă  celle que pratiquent la police et les services spĂ©ciaux Ă  l'encontre des terroristes ou des trafiquants de drogue. S'insurger contre ce modĂšle, ou le mettre en question, ne peut ĂȘtre le fait que d'un ancien combattant cacochyme, d'un reporter formĂ© par les Petites sƓurs des pauvres. L'idĂ©e que je me suis faite de ce mĂ©tier me dĂ©tourne d'un certain type de procĂ©dures, de certaines interpellations dĂ©guisĂ©es, et je suis de ceux qui pensent que le journalisme obĂ©it Ă  d'autres rĂšgles que la police ou le contre-espionnage. Peut-ĂȘtre ai-je tort. Mais c'est la pratique de la rĂ©tention de l'information qui dĂ©fie le plus rudement la conscience de l'informateur professionnel. Pour en avoir usĂ© et l'avoir reconnu... Ă  propos des guerres d'AlgĂ©rie et du Vietnam, pour avoir cru pouvoir tracer une frontiĂšre entre le communicable et l'indicible, pour m'ĂȘtre Ă©rigĂ© en gardien d'intĂ©rĂȘts supĂ©rieurs » Ă  l'information, ceux des causes tenues pour justes », je me suis attirĂ© de rudes remontrances. MĂ©ritĂ©es, Ă  coup sĂ»r, surtout si elles Ă©manaient de personnages n'ayant jamais pratiquĂ©, Ă  d'autres usages, de manipulations systĂ©matiques, et pudiquement dissimulĂ©es. La loi est claire rien que la vĂ©ritĂ©, toute la vĂ©ritĂ© », mais il faut la complĂ©ter par la devise que le New York Times arbore en manchette All the news that's fit to print », toutes les nouvelles dignes d'ĂȘtre imprimĂ©es. Ce qui exclut les indignes – c'est-Ă -dire toute une espĂšce de journalisme et, dans le plus noble, ce dont la divulgation porte indĂ»ment atteinte Ă  la vie ou l'honorabilitĂ© de personnes humaines dont l'indignitĂ© n'a pas Ă©tĂ© Ă©tablie. Connaissant ces rĂšgles, le journaliste constatera que son problĂšme majeur n'a pas trait Ă  l'acquisition mais Ă  la diffusion de sa part de vĂ©ritĂ©, dans ce rapport Ă  Ă©tablir entre ce qu'il ingurgite de la meilleure foi du monde, oĂč abondent les scories et les faux-semblants, et ce qu'il rĂ©gurgite. La frontiĂšre, entre les deux, est insaisissable, et mouvante. Le filtre, de ceci Ă  cela, est sa conscience, seule. Recherche des expressions Ă  reformuler Commentaire de la reformulation proposĂ©e le journaliste est un ĂȘtre libre et responsable » trouver d'autres formulations pour - dĂ©bat, conscience, Ăąpre, multiple - mĂ©decins, avocats, chercheurs - rĂšgles, dĂ©ontologie, serment, barreau, conventions. Le journaliste se trouve placĂ© dans de douloureux et frĂ©quents cas de conscience car, au contraire d'autres professions libĂ©rales, aucune instance juridique ne lui indique la conduite Ă  observer. [quels mots du texte ont permis d'Ă©crire professions libĂ©rales ; aucune instance juridique ; conduite Ă  observer ?] une vĂ©ritĂ© plus ample, complexe, dĂ©multipliĂ©e » trouver une autre formulation pour - plus ample, complexe, dĂ©multipliĂ©e. quel rĂŽle joue ce paragraphe ? Ă  combien de parties s'attend-on ? quels en seront les sujets ? Cette libertĂ© exige du journaliste qu'il rende compte de la vĂ©ritĂ©, mais d'une vĂ©ritĂ© multiforme qui ne soit pas uniquement la sienne, comme dans le cas d'un simple tĂ©moignage. [quels mots du texte ont permis d'Ă©crire pas uniquement la sienne ? multiforme ?] Le problĂšme concerne aussi les mĂ©thodes pour y parvenir et l'Ă©tendue du devoir d'informer. le journalisme dit d'investigation » trouver d'autres formulations pour - enquĂȘte, police, services spĂ©ciaux, interpellations, procĂ©dures. pourquoi faut-il conserver le "je"? On pratique aujourd'hui un journalisme policier oĂč on ne recule devant aucun moyen. Au risque de me tromper ou de paraĂźtre dĂ©modĂ©, je persiste Ă  refuser ces pratiques. [quels mots du texte ont permis d'Ă©crire journalisme policier ? de paraĂźtre dĂ©modĂ© ?] la rĂ©tention de l'information » trouver une autre formulation pour - intĂ©rĂȘts supĂ©rieurs, causes justes. Mais c'est le refus dĂ©libĂ©rĂ© d'informer qui pose le plus redoutable problĂšme. J'ai dĂ» moi-mĂȘme y consentir autrefois au nom de la raison d'État, et je me suis exposĂ© Ă  des reproches lĂ©gitimes. [quels mots du texte ont permis d'Ă©crire raison d'État ?] les nouvelles dignes d'ĂȘtre imprimĂ©es » trouver d'autres formulations pour - indignes, indĂ»ment - diffusion, ingurgite/rĂ©gurgite, filtre. Il importe alors de respecter la vĂ©ritĂ©, mais sans tomber dans l'indignitĂ© de l'atteinte injuste aux vies privĂ©es. Fort de ces rĂšgles., le journaliste devra comprendre que sa conscience est le seul juge capable de dĂ©mĂȘler ce qu'il a cru sincĂšrement de ce qu'il doit communiquer au public. [qu'est-ce qui autorise l'adjectif "injuste" ? qu'est-ce qui justifie le verbe "dĂ©mĂȘler" ?] APPLICATION Soit la proposition de rĂ©sumĂ© suivante Nicolas Grimaldi, Cinq paradoxes du moi, dĂ©but du texte Le moi est Ă  la fois sujet et objet, mais, deuxiĂšme paradoxe, il est aussi Ă©vident que mystĂ©rieux. Mes perceptions attestent l’existence d’un ĂȘtre dont je ne sais rien. Et il est vain de prĂ©tendre dissiper ce mystĂšre car les sentiments que nous Ă©prouvons nous caractĂ©risent Ă  notre insu, sans que nous soyons en mesure [50] d’en identifier l’origine. C’est que le moi n’est pas un concept il revĂȘt seulement des formes qui restent, faute de tĂ©moin omniscient, Ă©phĂ©mĂšres et contingentes. 85 mots. AprĂšs quelques efforts, 30 mots sont supprimĂ©s - l'apposition sujet et objet, le moi ... au lieu de le moi est sujet et objet. - la suppression des subordonnĂ©es relatives au profit d'un nom ou d'un adjectif dont je ne sais rien = inconnu — qui restent Ă©phĂ©mĂšres et contingentes. - le remplace la relation de cause ou de consĂ©quence. - la suppression des pĂ©riphrases sans que nous soyons en mesure d'en identifier l'origine Ă  traduire par un adverbe inexplicablement. RĂ©sultat Sujet et objet , le moi est, de plus, aussi Ă©vident que mystĂ©rieux. Mes perceptions attestent l’existence d’un ĂȘtre inconnu, au mystĂšre impossible Ă  dissiper nos sentiments nous caractĂ©risent Ă  notre insu, inexplicablement. En effet le moi n’est pas un concept faute de tĂ©moin omniscient, il revĂȘt seulement [50] des formes Ă©phĂ©mĂšres et contingentes. 55 mots EXERCICES DE RÉSUMÉ RĂ©sumez ces textes en 100 mots. EXERCICE 1 S'informer fatigue » La presse Ă©crite est en crise. Elle connaĂźt en France et ailleurs une baisse notable de sa diffusion et souffre gravement d'une perte d'identitĂ© et de personnalitĂ©. Pour quelles raisons et comment en est-on arrivĂ© lĂ  ? IndĂ©pendamment de l’influence certaine du contexte Ă©conomique et de la rĂ©cession il faut chercher, nous semble-t-il, les causes profondes de cette crise dans la mutation qu'ont connue, au cours de ces derniĂšres annĂ©es, quelques-uns des concepts de base du journalisme. En premier lieu l'idĂ©e mĂȘme d'information. Jusqu’à il y a peu, informer, c’était, en quelque sorte, fournir non seulement la description prĂ©cise - et vĂ©rifiĂ©e - d’un fait, d'un Ă©vĂ©nement, mais Ă©galement un ensemble de paramĂštres contextuels permettant au lecteur de comprendre sa signification profonde. Cela a totalement changĂ© sous l'influence de la tĂ©lĂ©vision, qui occupe dĂ©sormais, dans la hiĂ©rarchie des mĂ©dias, une place dominante et rĂ©pand son modĂšle. Le journal tĂ©lĂ©visĂ©, grĂące notamment Ă  son idĂ©ologie du direct et du temps rĂ©el, a imposĂ© peu Ă  peu une conception radicalement diffĂ©rente de l'information. Informer c'est, dĂ©sormais, montrer l'histoire en marche » ou, en d'autres termes, faire assister si possible en direct Ă  l'Ă©vĂ©nement. Il s'agit, en matiĂšre d'information, d'une rĂ©volution copernicienne dont on n'a pas fini de mesurer les consĂ©quences. Car cela suppose que l'image de l'Ă©vĂ©nement ou sa description suffit Ă  lui donner toute sa signification, et que tout Ă©vĂ©nement, aussi abstrait soit-il, doit impĂ©rativement prĂ©senter une partie visible, montrable, tĂ©lĂ©visable. C'est pourquoi on observe une emblĂ©matisation rĂ©ductrice de plus en plus frĂ©quente d'Ă©vĂ©nements Ă  caractĂšre complexe. Un autre concept a changĂ© celui d'actualitĂ©. Qu'est-ce que l'actualitĂ© dĂ©sormais ? Quel Ă©vĂ©nement faut-il privilĂ©gier dans le foisonnement de faits qui surviennent Ă  travers le monde ? En fonction de quels critĂšres choisir ? LĂ  encore, l'influence de la tĂ©lĂ©vision apparaĂźt dĂ©terminante. C'est elle, avec l'impact de ses images, qui impose son choix et contraint la presse Ă©crite Ă  suivre. La tĂ©lĂ©vision construit l'actualitĂ©, provoque le choc Ă©motionnel et condamne pratiquement les faits orphelins d'images au silence, Ă  l'indiffĂ©rence. Peu Ă  peu s'Ă©tablit dans les esprits l'idĂ©e que l'importance des Ă©vĂ©nements est proportionnelle Ă  leur richesse en images. Dans le nouvel ordre des mĂ©dias, les paroles ou les textes ne valent pas des images. Le temps de l'information a Ă©galement changĂ©. La scansion optimale des mĂ©dias est maintenant l'instantanĂ©itĂ© le temps rĂ©el, le direct, que seules tĂ©lĂ©vision et radio peuvent pratiquer. Cela vieillit la presse quotidienne, forcĂ©ment en retard sur l'Ă©vĂ©nement et, Ă  la fois, trop prĂšs de lui pour parvenir Ă  tirer, avec suffisamment de recul, tous les enseignements de ce qui vient de se produire. La presse Ă©crite accepte de s'adresser non plus Ă  des citoyens, mais Ă  des tĂ©lĂ©spectateurs ! Un quatriĂšme concept s'est modifiĂ©. Celui, fondamental, de la vĂ©racitĂ© de l'information. DĂ©sormais, un fait est vrai non pas parce qu'il correspond Ă  des critĂšres objectifs, rigoureux et vĂ©rifiĂ©s Ă  la source, mais tout simplement parce que d'autres mĂ©dias rĂ©pĂštent les mĂȘmes affirmations et confirment »... Si la tĂ©lĂ©vision Ă  partir d'une dĂ©pĂȘche ou d'une image d'agence prĂ©sente une nouvelle et que la presse Ă©crite, puis la radio reprennent cette nouvelle, cela suffit pour l'accrĂ©diter comme vraie. Les mĂ©dias ne savent plus distinguer, structurellement, le vrai du faux. Enfin, information et communication tendent Ă  se confondre. Trop de journalistes continuent de croire qu'ils sont seuls Ă  produire de l’information quand toute la sociĂ©tĂ© s'est mise frĂ©nĂ©tiquement Ă  faire la mĂȘme chose. Il n’y a pratiquement plus d'institution administrative, militaire, Ă©conomique, culturelle, sociale, etc. qui ne se soit dotĂ©e d'un service de communication et qui n'Ă©mette, sur elle-mĂȘme et sur ses activitĂ©s, un discours plĂ©thorique et Ă©logieux. À cet Ă©gard, tout le systĂšme, dans les dĂ©mocraties cathodiques, est devenu rusĂ© et intelligent, tout Ă  fait capable de manipuler astucieusement les mĂ©dias et de rĂ©sister savamment Ă  leur curiositĂ©. Nous savons Ă  prĂ©sent que la censure dĂ©mocratique » existe. À tous ces chamboulements s’ajoute un malentendu fondamental. Beaucoup de citoyens estiment que, confortablement installĂ©s dans le canapĂ© de leur salon et en regardant sur le petit Ă©cran une sensationnelle cascade d'Ă©vĂ©nements Ă  base d’images fortes, violentes et spectaculaires, ils peuvent s’informer sĂ©rieusement. C'est une erreur majeure. Pour trois raisons d'abord parce que le journal tĂ©lĂ©visĂ©, structurĂ© comme une fiction, n’est pas fait pour informer mais pour distraire ; ensuite, parce que la rapide succession de nouvelles brĂšves et fragmentĂ©es une vingtaine par journal tĂ©lĂ©visĂ© produit un double effet nĂ©gatif de surinformation et de dĂ©sinformation ; et enfin parce que vouloir s'informer sans effort est une illusion qui relĂšve du mythe publicitaire plutĂŽt que de la mobilisation civique. S’informer fatigue, et c'est Ă  ce prix que le citoyen acquiert le droit de participer intelligemment Ă  la vie dĂ©mocratique. Ignacio RAMONET, TĂ©lĂ©vision et information. , Le Monde Diplomatique, octobre 1993. CORRECTION EXERCICE 2 Vers une fracture gĂ©nĂ©rationnelle ? Les gĂ©nĂ©rations sont-elles en passe de devenir une nouvelle clĂ© de lecture des fractures centrales de la sociĂ©tĂ© française ? En tous cas, Ă  l’heure oĂč l’on peine Ă  dessiner, en France comme ailleurs, le visage des sociĂ©tĂ©s nationales, et oĂč l’analyse en termes de classes sociales est de moins en moins suffisante, les clivages liĂ©s Ă  l’ñge pourraient connaĂźtre un regain de vitalitĂ© dans les annĂ©es Ă  venir. Cette particularitĂ© de notre Ă©poque, c’est bien entendu l’exceptionnel destin social de la gĂ©nĂ©ration 68 », comme l’a rappelĂ© rĂ©cemment le sociologue Louis Chauvel. Celui-ci met en Ă©vidence, dans deux articles, les facteurs qui ont permis aux individus nĂ©s entre 1945 et 1955 de connaĂźtre un progrĂšs sans prĂ©cĂ©dent. La gĂ©nĂ©ration 68 » succĂšde Ă  des gĂ©nĂ©rations qui ont connu des destins particuliĂšrement dramatiques la gĂ©nĂ©ration 1914 par exemple, celle de leurs parents, aura connu un dĂ©but de vie active des plus difficiles dans le contexte de crise des annĂ©es 1930, avant, surtout, de connaĂźtre les affres de la Seconde Guerre mondiale. Grandissant eux, pour la premiĂšre fois depuis un siĂšcle, en temps de paix, les baby-boomers » vont profiter Ă  plein de la dynamique des Trente Glorieuses dans un pays en pleine reconstruction, le travail ne manque pas, ce qui leur permet de connaĂźtre, au cours des trois ans aprĂšs la sortie des Ă©tudes, un taux de chĂŽmage moyen trĂšs faible d’environ 5%. GrĂące notamment au dĂ©veloppement de l’Etat-providence, de l’éducation et de la recherche CNRS, universitĂ©s, des services de santĂ©, des entreprises semi-publiques EDF, France Telecom
, ils vont ĂȘtre les principaux bĂ©nĂ©ficiaires de la forte demande en cadres et professions intellectuelles. Ils connaĂźtront ainsi une mobilitĂ© sociale ascendante inouĂŻe, assurant une rentabilitĂ© maximale de leurs diplĂŽmes dans les annĂ©es 1970, 70% des titulaires d’une licence ou plus ĂągĂ©s de 30 Ă  35 ans sont cadres. Aujourd’hui, la gĂ©nĂ©ration 68 » s’apprĂȘte Ă  prendre sa retraite aprĂšs une vide de travail pratiquement sans accroc, et aprĂšs avoir fait jouer l’ascenseur social comme aucune autre gĂ©nĂ©ration auparavant. Malheureusement, cette parenthĂšse s’est trĂšs vite refermĂ©e Les gĂ©nĂ©rations nĂ©es Ă  partir de 1955 ont connu une dĂ©gradation progressive de leurs chances de vie ». Le phĂ©nomĂšne le plus important de ce point de vue est naturellement l’apparition d’un chĂŽmage de masse, qui frappe notamment les nouveaux venus sur le marchĂ© du travail. [
] Constat pessimiste ? L. Chauvel admet qu’il est sombre, mais il est fondĂ© sur des bases empiriques fortes, des analyses solides, des rĂ©sultats convergents ». D’autres auteurs dressent un tableau plus nuancĂ©. On peut souligner aussi que les privilĂšges d’une gĂ©nĂ©ration ne jouent pas nĂ©cessairement comme un dĂ©savantage pour les autres gĂ©nĂ©rations. On a ainsi assistĂ© Ă  un renversement historique du sens des solidaritĂ©s, provoquĂ© par l’Etat-providence avec l’instauration des retraites et le dĂ©veloppement de l’éducation, qui fait que ce sont dĂ©sormais principalement les jeunes qui bĂ©nĂ©ficient des solidaritĂ©s familiales. RĂ©sultat l’écart de revenus entre les Ăąges se resserre, mĂȘme s’il faut reconnaĂźtre que cette rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s est modĂ©rĂ©e ». Ces correctifs ne suffisent donc pas Ă  entamer le constat gĂ©nĂ©ral d’inĂ©galitĂ©s socio-Ă©conomiques fortes entre les gĂ©nĂ©rations au dĂ©triment des jeunes. D’oĂč le constat laconique de L. Chauvel Pour la premiĂšre fois en pĂ©riode de paix, la gĂ©nĂ©ration qui prĂ©cĂšde ne laisse pas aux suivantes un monde meilleur Ă  l’entrĂ©e de la vie. » En fait, selon lui, on a assistĂ©, au milieu des annĂ©es 1980, Ă  l’inversion d’un phĂ©nomĂšne qui jusque-lĂ  visait d’abord la protection et l’insertion des jeunes voici que l’on s’est mis Ă  assurer prioritairement la stabilitĂ© des plus ĂągĂ©s, le principal coĂ»t de ce changement Ă©tant, encore une fois, le chĂŽmage des jeunes. Ce basculement comporte de grands risques. Et tout d’abord celui d’une dyssocialisation » de la jeunesse, c’est-Ă -dire non pas d’une absence de socialisation, mais d’une socialisation difficile, inadaptĂ©e. ConcrĂštement, ce risque viendrait d’un manque de correspondance entre les valeurs et les idĂ©es que reçoit la nouvelle gĂ©nĂ©ration libertĂ© individuelle, rĂ©ussite personnelle, valorisation des loisirs, etc. et les rĂ©alitĂ©s auxquelles elle sera confrontĂ©e centralitĂ© du marchĂ©, hĂ©tĂ©ronomie, pĂ©nurie, manque d’emplois intĂ©ressants, ennui, etc.. Plus profondĂ©ment, les difficultĂ©s psychosociales de la nouvelle gĂ©nĂ©ration notamment les comportements violents, les incivilitĂ©s en tous genres, le suicide, etc. pourraient ĂȘtre liĂ©s de façon immĂ©diate au fossĂ© entre ce que les jeunes croient mĂ©riter sur la base d’une comparaison entre les Ă©tudes et la position de leurs parents et les leurs et ce qu’ils peuvent rĂ©ellement connaĂźtre. Bien sĂ»r l’avenir n’est pas encore jouĂ©, et la rĂ©cente prise de conscience du phĂ©nomĂšne par les politiques augure peut-ĂȘtre de mesures capables de faciliter l’insertion des jeunes dans le monde du travail. Reste qu’il y a encore loin de la conscience, bien rĂ©elle, des inĂ©galitĂ©s liĂ©es Ă  l’ñge, Ă  leur prise en compte effective dans la dĂ©cision collective et notre reprĂ©sentation de la sociĂ©tĂ©. En attendant, on ne peut que faire des conjectures sur notre futur immĂ©diat. Xavier MOLENAT, Vers une fracture gĂ©nĂ©rationnelle », Les Grands Dossiers des Sciences Humaines, n°4, 2006. CORRECTION EXERCICE 3 Éloge de la parole Les propos de Socrate contre l’écriture sont loin d'ĂȘtre ceux du marginal grincheux que l'on Ă©voque parfois. Ils sont au contraire au cƓur d'un rapport Ă  l'Ă©criture courant dans l'AntiquitĂ© grecque et romaine jusqu'au seuil de l'Empire, qui rĂ©servera un accueil plus favorable Ă  l'Ă©criture comme moyen de contrĂŽle social. L'oral reste en effet le moyen de communication privilĂ©giĂ© pour tout ce qui est essentiel Ă  la vie publique, l'Ă©crit n'ayant qu'un rĂŽle d'appoint et de retranscription. Nous sommes lĂ  en prĂ©sence d'une norme sociale forte, qui veut par exemple que tout au long de l'AntiquitĂ©, au moins jusqu'Ă  l'Empire, il ait Ă©tĂ© impensable qu'un orateur lise un texte. Le dĂ©bat qui tĂ©moigne d'une tension entre la parole et la communication concerne la rĂ©sistance qui s'inaugure dans le monde grec Ă  ce qui est vĂ©cu comme une artificialisation de la parole. Les sophistes, vĂ©ritables professionnels de la parole, se voient accusĂ©s de manipulation dĂšs qu'ils prĂ©tendent travailler le langage, le mettre en forme pour convaincre. Ce dĂ©bat entre parole authentique et parole manipulĂ©e va traverser, jusqu'Ă  aujourd'hui, toute l'histoire de la rhĂ©torique et du rapport moderne Ă  la parole et au langage. Aujourd’hui mĂȘme la parole ne sort pas indemne de ce qu'elle est obligĂ©e de se donner des outils pour ĂȘtre communiquĂ©e. Plus ceux-ci Ă©loignent la parole de l'oral et du face-Ă -face, plus la suspicion gagne. C'est pourquoi, loin de s'ĂȘtre succĂ©dĂ©, les diffĂ©rents moyens de communication se sont cumulĂ©s, avec un privilĂšge maintenu pour l'oral. Pourquoi l'oral est-il supĂ©rieur ? Un phĂ©nomĂšne capital, dont aucun systĂšme d'Ă©criture connu ne conserve la trace, le fait bien apparaĂźtre. Ce phĂ©nomĂšne est l'intonation, qui stratifie souvent le discours oral en une structure hiĂ©rarchique oĂč le message principal n'est pas prononcĂ© sur le mĂȘme registre selon les propositions imbriquĂ©es les unes dans les autres au sein de la phrase. Une reproduction graphique qui, bien qu'exacte pour le reste, ne note pas l'intonation, peut paraĂźtre quasiment inintelligible. L'Ă©criture, comme l'image, est une rĂ©duction, une parole contrainte pour pouvoir durer, aller plus loin. Gain d'un cĂŽtĂ©, perte de l'autre. L'oral comme le gestuel serait plus proche de la parole, car il engage tout l'ĂȘtre dans une intonation globale. L'Ă©loge de la parole est d'abord un Ă©loge du face-Ă -face. Chacun d'entre nous est en fait confrontĂ© quotidiennement Ă  une question simple en thĂ©orie quel est le moyen de communication le plus appropriĂ© pour la parole que je souhaite tenir ? On constatera que plus la parole tenue est forte, plus nous cherchons le recours, quand il est possible, au face-Ă -face. Ainsi le dĂ©bat qui s'est instaurĂ© sur les possibilitĂ©s ouvertes par les nouvelles technologies de communication reprend Ă  sa façon ces anciennes questions. On sait qu'Internet a Ă©tĂ© entourĂ© de la promesse d'une meilleure communication. Nous sommes lĂ , toutefois, au cƓur d'une utopie, car ce rĂ©seau ne favorise que la communication indirecte. Sa promotion a mĂȘme longtemps reposĂ© sur une apologie Ă  la fois de ce type de communication vous pourrez tout faire de chez vous, sans sortir et d'une disqualification de la rencontre directe. Les propositions de cette utopie vont mĂȘme plus loin. Du fait du dĂ©veloppement des moyens de communication, la parole serait meilleure » et la violence, liĂ©e au face-Ă -face, reculerait. L'illusion est ici Ă  son comble, car au cƓur de cette utopie est tapie une croyance de nature quasi religieuse et que l'on pourrait rĂ©sumer ainsi la communication, l'usage croissant de moyens de communication, sanctifierait la parole ainsi transportĂ©e. Pourtant la rĂ©alitĂ© d'Internet est plus modeste. Le rĂ©seau remplit en fait trois fonctions bien distinctes et qui sont chacune le prolongement d'un moyen de communication plus ancien. Le courrier Ă©lectronique, d’abord, a repris les fonctions de la poste, avec une efficacitĂ© accrue mais sans changement structurel sur la nature de la parole ainsi Ă©changĂ©e. On rencontre lĂ  les mĂȘmes problĂšmes que dans l'usage gĂ©nĂ©ral de l'Ă©crit qui ne peut jamais prĂ©tendre qu'au statut de complĂ©ment ou de substitut de la rencontre directe et de la parole face-Ă -face. Les sites Web, ensuite, ont certes accru notre pouvoir d'accĂ©der Ă  l'information, mais le problĂšme de la qualitĂ©, de la validitĂ© et de la pertinence des informations en ligne reste posĂ©. La meilleure information reste finalement celle qui est garantie par le mĂ©diateur le plus fiable, donc le plus proche, celui en qui l'on a confiance. Enfin les forums de discussion qui organisent des Ă©changes indirects ne permettent pas toute l'ouverture de la communication que l'on avait supposĂ©e initialement. Ils servent surtout aux communautĂ©s dĂ©jĂ  constituĂ©es et ne sont que de peu d'aide pour ouvrir le champ de la parole. Il s'y succĂ©derait plutĂŽt des doubles dialogues », oĂč chacun s'exprime sans forcĂ©ment Ă©couter l'autre. On peut en conclure qu’il est difficile d'argumenter Ă  distance avec des personnes qu'on ne connaĂźt pas, et d'ailleurs pour quoi leur dire ? Il ne suffit pas d'avoir Ă  sa disposition un moyen de communication encore faut-il avoir une parole Ă  transmettre. Le fĂ©tichisme qui a entourĂ© ces derniers temps la communication et ses techniques ne doit pas nous faire perdre de vue cette rĂ©alitĂ© fondamentale la parole est bien la finalitĂ© de la communication. Philippe BRETON, Éloge de la parole, 2003 . CORRECTION Accueil du site Magister Vocabulaire Types de textes Genres littĂ©raires Explication de texte Le commentaire Texte argumentatif La dissertation Parcours ƒuvres intĂ©grales Dossiers BTS Liens
épisode12 : Manipulations en entreprise 26min Culture Infos - Téléréalité Henri De Labbey 2014, France Chacun d'entre nous s'est déjà retrouvé au moins

Maintenant que le monde dans son ensemble, en tout cas les grandes puissances, se dirigent vers une technocratie, le problĂšme du mensonge en politique, ainsi que le sens des mots vĂ©ritĂ© » et rĂ©alitĂ© », doivent ĂȘtre réévaluĂ©s. Par Paul Grenier – Le 22 aoĂ»t 2021 – Source National Interest Pendant la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant l’invasion de l’Irak, en 2003, Washington proclamait au monde entier que l’Irak Ă©tait en possession d’armes de destruction massive. Bien que l’administration Bush ne disposait d’aucune preuve rĂ©elle pour Ă©tayer cette affirmation, cela ne fut pas un obstacle Ă  la poursuite du plan d’action souhaitĂ©. Les preuves nĂ©cessaires ont Ă©tĂ© inventĂ©es, et les preuves contradictoires ont Ă©tĂ© autoritairement reboutĂ©es. L’exemple suivant est instructif. JosĂ© Bustani, le directeur fondateur de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques OIAC, s’efforçait Ă  l’époque de faire accepter l’Irak comme membre de l’OIAC, car cela aurait permis des inspections approfondies, et Bustani s’attendait pleinement Ă  ce que ces inspections confirment ce que ses propres experts en armes chimiques lui avaient dĂ©jĂ  dit, Ă  savoir que toutes les armes chimiques de l’Irak avaient dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©truites, dans les annĂ©es 1990 aprĂšs la guerre du Golfe. La rĂ©ponse de l’administration Bush Ă  Bustani a Ă©tĂ© rapide John Bolton, alors sous-secrĂ©taire d’État, lui a donnĂ© vingt-quatre heures pour dĂ©missionner ou en subir les consĂ©quences. Pour l’administration Bush, le renversement de l’Irak Ă©tait une affaire bien trop importante pour que la vĂ©ritĂ© y fasse obstacle. Comparez cela Ă  la ligne de conduite adoptĂ©e par John F. Kennedy lors de la crise des missiles cubains. La crise elle-mĂȘme a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e lorsque des avions espions amĂ©ricains ont photographiĂ© des sites de missiles SS-4 soviĂ©tiques Ă  capacitĂ© nuclĂ©aire en cours d’installation sur le sol cubain. Contrairement aux armes chimiques irakiennes, ces armes de destruction massive Ă©taient rĂ©elles et non inventĂ©es. MalgrĂ© cette preuve factuelle, et mĂȘme si cela allait Ă  l’encontre des conseils insistants de ses militaires, Kennedy refusa d’entrer en guerre. Il refusa d’envahir Cuba, sauvant ainsi, selon toute vraisemblance, le monde de l’Armageddon. Mais il existe un point de comparaison encore plus instructif entre les deux cas Les efforts constants de Kennedy, dans le sillage de la crise des missiles de Cuba, pour tenter de comprendre l’Union soviĂ©tique. Le discours qu’il prononce en juin 1963 Ă  l’American University tĂ©moigne des efforts du prĂ©sident pour comprendre Ă  la fois les motivations et la rĂ©alitĂ© complexe de l’adversaire soviĂ©tique. En dĂ©crivant les deux camps comme Ă©galement pris au piĂšge d’un cycle vicieux et dangereux, la suspicion d’un cĂŽtĂ© entraĂźnant la suspicion de l’autre », Kennedy montre un esprit influencĂ© par l’Iliade d’HomĂšre. Il a louĂ© le peuple russe pour ses nombreuses rĂ©alisations dans les domaines de la science et de l’espace, sa croissance Ă©conomique et industrielle, sa culture et ses actes de courage ». Il a reconnu les pertes massives de l’Union soviĂ©tique pendant la Seconde Guerre mondiale. Au lieu de dĂ©shumaniser l’adversaire de l’AmĂ©rique, il a fait le contraire ; il a soulignĂ© notre humanitĂ© commune Nous respirons tous le mĂȘme air. Nous chĂ©rissons tous l’avenir de nos enfants. Et nous sommes tous mortels ». Le contraste entre le niveau de rĂ©flexion atteint par Kennedy lors de son discours Ă  l’American University et les banalitĂ©s et mensonges si rĂ©guliĂšrement profĂ©rĂ©s par les prĂ©sidents amĂ©ricains depuis lors ne pourrait guĂšre ĂȘtre plus dramatique. Que s’est-il passĂ© ? Comment la qualitĂ© de la pensĂ©e et du leadership amĂ©ricains a-t-elle pu dĂ©cliner de maniĂšre aussi rapide ? Page Smith, dans son Histoire des États-Unis » en huit volumes, revient Ă  plusieurs reprises sur la compĂ©tition, pendant la majeure partie de l’histoire amĂ©ricaine, entre ce qu’il appelle une conscience chrĂ©tienne classique et une conscience laĂŻque dĂ©mocratique. Presque dĂšs le dĂ©but, selon Smith, la seconde l’a toujours emportĂ© sur la premiĂšre. Bien que cette Ă©tude de l’historien se termine avec l’administration de Franklin D. Roosevelt, je dirais que c’est Kennedy qui a briĂšvement rouvert la possibilitĂ© d’une AmĂ©rique incorporant au moins certains Ă©lĂ©ments importants de la perspective chrĂ©tienne classique. Avec l’assassinat de Kennedy, cette possibilitĂ© s’est refermĂ©e. Au moment oĂč George W. Bush et Dick Cheney sont devenus les occupants de la Maison Blanche, la conscience chrĂ©tienne classique, Ă  part quelques fioritures rhĂ©toriques peu convaincantes, n’était dĂ©jĂ  plus qu’un lointain souvenir. La politique, la culture et la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaines Ă©taient devenues profondĂ©ment technocratiques. La conscience sĂ©culiĂšre, prĂ©sente dĂšs le dĂ©but, a subi une transformation ; ou, peut-ĂȘtre serait-il prĂ©fĂ©rable de dire, s’est concrĂ©tisĂ©e en une technocratie implicite dans son idĂ©e mĂȘme. Sous la technocratie, la raison, voire la rationalitĂ©, ne sont plus reconnues comme ayant une valeur intrinsĂšque. Elles n’obligent plus notre accord. Au contraire, elles sont dĂ©sormais elles-mĂȘmes soumises Ă  notre volontĂ©. La nature devient du mastic entre les mains de l’homme technologique il n’est mĂȘme plus possible de parler d’ homme ». Les acteurs qui agissent au sein de la sociĂ©tĂ© technologique refusent une telle dĂ©nomination. Ce sont eux qui dĂ©cideront dĂ©sormais technologiquement de ce que nous sommes » et de qui nous sommes, jusqu’au cƓur de notre existence biologique. Ce milieu culturel amĂ©ricain prĂ©sente deux aspects, deux vecteurs de fonctionnement. D’une part, nous avons les rĂ©volutionnaires de gauche » et les adeptes des cours accĂ©lĂ©rĂ©s sur Karl Marx et Michel Foucault qui, en nombre surprenant, ont rĂ©cemment fait irruption sur les campus universitaires amĂ©ricains. Et puis nous avons, d’autre part, le nombre Ă©tonnamment Ă©levĂ© d’entreprises mondiales et, en particulier, tous les grands gĂ©ants des mĂ©dias sociaux qui, en tant que groupe, ont embrassĂ© cette rĂ©volution ». Ces derniers, en particulier, contribuent Ă  discipliner le discours public afin qu’il reste conforme Ă  la nouvelle idĂ©ologie. Le dernier livre de Rod Dreher, Live Not By Lies, constitue une introduction utile Ă  ce nouveau monde woke. La mĂ©thodologie de Dreher repose sur une vaste comparaison entre les États-Unis et l’URSS/Russie. Au cours de ces comparaisons, Dreher tombe parfois lui-mĂȘme dans le piĂšge du raisonnement technologique, par inadvertance. NĂ©anmoins, son analyse est rĂ©vĂ©latrice. Elle montre comment ces entreprises et ces soldats wokes expriment une seule et mĂȘme civilisation » profondĂ©ment technocratique. Dreher prend l’Union soviĂ©tique et ses satellites d’Europe de l’Est comme l’exemple paradigmatique d’un ordre politique fondĂ© sur le mensonge. Mais quel genre de mensonges » a-t-il Ă  l’esprit ? Tout d’abord, l’athĂ©isme. Pour Dreher, la nĂ©gation par le systĂšme soviĂ©tique de la vĂ©ritĂ© de la foi chrĂ©tienne, une nĂ©gation rendue nĂ©cessaire par son credo marxiste-lĂ©niniste fondateur, le matĂ©rialisme dialectique, est majeur. Le point central, pour Dreher, est qu’un systĂšme fondĂ© sur l’athĂ©isme est lui-mĂȘme, pour cette mĂȘme raison, dĂ©jĂ  fondĂ© sur un mensonge. Il accorde aussi une attention considĂ©rable aux dĂ©fis moraux auxquels sont confrontĂ©s les croyants qui vivent dans une sociĂ©tĂ© qui considĂšre la foi comme dangereuse, ou en tout cas comme quelque chose qui appartient entiĂšrement au passĂ©. Dans une telle sociĂ©tĂ©, il est difficile, et parfois mĂȘme dangereux, de vivre ouvertement sa foi. Dans les annĂ©es 1920 et 1930, lorsque plusieurs milliers de prĂȘtres et de croyants orthodoxes ont Ă©tĂ© raflĂ©s et ont pĂ©ri dans le goulag de Josef Staline, le danger Ă©tait mortel. Bien qu’aprĂšs la Seconde Guerre mondiale et la mort de Staline en 1953, la situation en Russie ait progressivement connu d’importants changements qui ont considĂ©rablement facilitĂ© la vie des croyants, il n’en reste pas moins que, pendant la majeure partie de la pĂ©riode soviĂ©tique, l’expression ouverte de la foi religieuse pouvait au minimum briser votre carriĂšre. Le deuxiĂšme exemple de vie par le mensonge » citĂ© par Dreher concerne l’exigence de conformitĂ© idĂ©ologique du systĂšme soviĂ©tique. Le matĂ©rialisme dialectique Ă©tait l’idĂ©ologie rĂ©gnante, et l’appareil du parti communiste faisait savoir quelle interprĂ©tation de cette idĂ©ologie devait ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme faisant autoritĂ©. Dans un tel systĂšme, Ă©crit Dreher, le Parti lui-mĂȘme devenait la seule source de vĂ©ritĂ© ». Les Ă©coliers devaient dire ce que l’idĂ©ologie exigeait d’eux au lieu de reflĂ©ter dans leurs papiers ce qu’ils pensaient honnĂȘtement. S’appuyant sur ces deux thĂšmes, Dreher Ă©tablit une sĂ©rie de parallĂšles entre ce qu’il appelle l’empire totalitaire soviĂ©tique et le totalitarisme mou » actuellement installĂ© par les rĂ©volutionnaires woke. Ces derniers partagent avec les premiers bolcheviks ce que l’on pourrait appeler une faute sociologique. Ils divisent les gens en deux catĂ©gories, les oppresseurs et les opprimĂ©s. Pour les bolcheviks, les oppresseurs Ă©taient la bourgeoisie propriĂ©taire, et les opprimĂ©s Ă©taient les pauvres sans propriĂ©tĂ©, les paysans et les ouvriers d’usine. Pour les rĂ©volutionnaires amĂ©ricains, les oppresseurs sont dĂ©sormais les chrĂ©tiens blancs, masculins et hĂ©tĂ©rosexuels, tandis que les opprimĂ©s sont les minoritĂ©s sexuelles et les personnes de couleur [et les femmes, NdSF]. Une telle pensĂ©e par catĂ©gories sociologiques entraĂźne un Ă©chec de la raison. Bien que Dreher n’utilise pas le terme, cela implique Ă©galement l’adoption du moralisme. Dreher note comment, pour une gĂ©nĂ©ration nourrie par Marx et filtrĂ©e par Foucault, la raison objective n’existe pas. La rationalitĂ© n’est plus considĂ©rĂ©e comme Ă©galement disponible entre tous. La raison ne fait plus autoritĂ©. Ce qui compte, c’est la position de pouvoir de chacun, et le pouvoir est considĂ©rĂ© comme une fonction de la catĂ©gorie oppresseurs ou opprimĂ©s Ă  laquelle quelqu’un appartient. La similitude avec les premiers bolcheviks est en effet trĂšs frappante. Du point de vue des praticiens actuels de la justice sociale et autres idĂ©ologies wokenistes, note Dreher, l’ennemi ne peut ĂȘtre raisonnĂ©. L’ennemi ne peut qu’ĂȘtre vaincu. Ceux qui rĂ©sistent Ă  l’imposition de nouvelles doctrines par les rĂ©volutionnaires sont, prĂ©tendument, en train de pratiquer la haine » ». D’autre part, alors que le conformisme idĂ©ologique soviĂ©tique s’appliquait du haut vers le bas, dans le cas amĂ©ricain, il est plus distribuĂ©. Évoquant des thĂšmes qui rappellent l’essai controversĂ© du metteur en scĂšne russe Konstantin Bogomolov, Le viol de l’Europe », Dreher Ă©crit Le totalitarisme [occidental] d’aujourd’hui exige l’allĂ©geance Ă  un ensemble de croyances progressistes, dont beaucoup sont incompatibles avec la logique – et certainement avec le christianisme. La conformitĂ© est forcĂ©e moins par l’État que par les Ă©lites qui forment l’opinion publique, et par les entreprises privĂ©es qui, grĂące Ă  la technologie, contrĂŽlent nos vies bien plus que nous ne voudrions l’admettre. Les gĂ©ants des mĂ©dias sociaux de la Silicon Valley intensifient encore la menace totalitaire. Citant Edward Snowden, Dreher note que l’État a dĂ©sormais accĂšs, Ă  perpĂ©tuitĂ©, aux communications de chacun, et que si le gouvernement veut cibler quelqu’un, il n’y a plus aucune raison d’espĂ©rer que la loi soit un refuge. Le rĂ©sultat est la propagation d’un capitalisme de surveillance dans des domaines auxquels les tyrans orwelliens du bloc communiste n’auraient pu que rĂȘver », et l’émergence de ce qu’il appelle un totalitarisme doux. Il est significatif que Dreher cite Ă  plusieurs reprises Hannah Arendt comme autoritĂ© en matiĂšre de totalitarisme. Il cite sa thĂšse bien connue selon laquelle le totalitarisme tend Ă  prendre racine dans une sociĂ©tĂ© d’individus dĂ©racinĂ©s, solitaires et isolĂ©s. Ces individus atomisĂ©s sont des cibles faciles pour une idĂ©ologie qui offre un sens, la possibilitĂ© de faire partie d’une cause. Un autre thĂšme arendtien clĂ© est la rĂ©duction de la raison Ă  un outil pour se donner de la consistance. Une idĂ©ologie, pour Arendt, est par dĂ©finition un systĂšme fermĂ© dĂ©pourvu d’ouverture au mystĂšre qui est la marque de la raison classique. Selon Dreher, dans la mesure oĂč les gĂ©ants amĂ©ricains des mĂ©dias grand public et sociaux encouragent la rĂ©pĂ©tition constante de mĂšmes et de phrasĂ©ologie empruntĂ©s Ă  la thĂ©orie critique des races et Ă  d’autres sources de jargon progressiste, ils encouragent prĂ©cisĂ©ment une pensĂ©e idĂ©ologique. Citant Arendt, Dreher note que ce qui convainc les masses, au point oĂč elles deviennent sensibles au totalitarisme, 
ce ne sont pas les faits, ni mĂȘme les faits inventĂ©s, mais seulement la cohĂ©rence du systĂšme dont ils font vraisemblablement partie. » Aux États-Unis, Ă©crit Dreher Ă  un moment donnĂ©, il est difficile pour le commun des mortels de ne serait-ce qu’imaginer un monde oĂč il faut constamment mentir pour simplement exister. À intervalles rĂ©guliers, il oppose l’URSS totalitaire » aux États-Unis libres et prospĂšres ». Il entend par lĂ , bien sĂ»r, les États-Unis tels qu’ils Ă©taient avant qu’ils ne soient attaquĂ©s par ce qu’il appelle les Social Justice Warriors sjws, les rĂ©volutionnaires woke susmentionnĂ©s. C’est ici, cependant, que Dreher lui-mĂȘme glisse vers un certain style de pensĂ©e technocratique. Au lieu de comprendre d’abord l’ensemble du phĂ©nomĂšne qui se prĂ©sente Ă  lui, il s’en sert pour marquer des points et mieux vendre son rĂ©cit. Sa position de missionnaire l’emporte sur son souci de vĂ©ritĂ©. La façon dont Dreher traite le phĂ©nomĂšne de la Russie et de l’URSS tout au long du XXe siĂšcle manque de nuance et est parfois tout Ă  fait rĂ©ductrice. Pour Dreher, l’ensemble de l’expĂ©rience soviĂ©tique a Ă©tĂ© uniformĂ©ment totalitaire » – comme s’il n’y avait pas de diffĂ©rences importantes entre 1937 et 1967. Pour Dreher, tout au long de son existence, on n’a trouvĂ© dans l’empire soviĂ©tique que mensonges, souffrance et misĂšre matĂ©rielle. Il est vrai que l’URSS, mĂȘme aprĂšs la mort de Staline en 1953, Ă©tait, Ă  bien des Ă©gards, grise elle connaissait des pĂ©nuries chroniques de produits de consommation, le service dans les magasins et les restaurants Ă©tait grossier. Il y avait, surtout dans la premiĂšre pĂ©riode, des persĂ©cutions religieuses. Les grandes Ɠuvres de la philosophie religieuse russe de V. Solovyov, S. Frank, N. Berdyaev, P. Florensky, etc. ont disparu dans des archives secrĂštes. La Russie soviĂ©tique avait beaucoup de choses qui mĂ©ritaient d’ĂȘtre condamnĂ©es dans des termes tels que ceux que l’on trouve en abondance dans le volume de Dreher. Du coup, le lecteur n’a guĂšre de raison de se douter qu’un certain nombre de monastĂšres et d’églises ont Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  rouvrir dans l’Union soviĂ©tique de l’aprĂšs-guerre, ou que des Russes ordinaires ont Ă©tĂ© baptisĂ©s, et que ceux qui n’étaient pas communistes et soucieux de leur carriĂšre pouvaient assister aux services religieux. La majoritĂ©, bien sĂ»r, ne souhaitait plus le faire. L’idĂ©ologie matĂ©rialiste de l’État et la propagande antireligieuse ayant eu un certain impact. S’il est indubitable que l’Union soviĂ©tique ne possĂ©dait pas plusieurs des vĂ©ritables vertus de l’AmĂ©rique de la guerre froide, il est tout aussi vrai qu’elle ne possĂ©dait pas certains des vĂ©ritables dĂ©fauts de l’AmĂ©rique. L’URSS n’était pas un monde centrĂ© sur l’argent. Il Ă©tait plus facile de nouer des amitiĂ©s durables, et pas seulement parce que l’on avait plus de temps Ă  leur consacrer. Les gens pouvaient choisir de consacrer leur vie Ă  des activitĂ©s aussi inutiles – et pourtant la quintessence de l’humain – que l’étude de la poĂ©sie ou la pratique du piano. Les classiques de la littĂ©rature russe du XIXe siĂšcle Ă©taient encore enseignĂ©s, lus et vĂ©nĂ©rĂ©s. Et puis il y a le cinĂ©ma soviĂ©tique. Quelques exemples suffiront. La nuit du carnaval 1956 et L’ironie du sort 1976 d’Eldar Ryazanov sont des chefs-d’Ɠuvre d’humanitĂ© et mĂȘme de joie. Andrei Rublev d’Andrei Tarkovsky, sorti en 1971 bien qu’il ait Ă©tĂ© Ă©ditĂ©, Ă©tait imprĂ©gnĂ© d’un sens tragique et d’une beautĂ© spirituelle. Pendant une grande partie de la pĂ©riode soviĂ©tique, les Ă©missions de radio, de tĂ©lĂ©vision et de théùtre destinĂ©es aux enfants Ă©taient remarquables par leur chaleur et leur bon goĂ»t. Le contraste binaire de Dreher incarne prĂ©cisĂ©ment une logique technocratique de simplification excessive. Le philosophe italien Augusto Del Noce a notĂ© que, du point de vue de la civilisation technologique dirigĂ©e par l’Occident, la rĂ©volution marxiste en Russie Ă©tait considĂ©rĂ©e globalement comme une chose positive, infiniment prĂ©fĂ©rable Ă  l’ordre tsariste antĂ©rieur, avec sa foi chrĂ©tienne embarrassante et son manque de dĂ©mocratie. Le matĂ©rialisme marxiste permettrait Ă  la Russie d’ Ă©voluer » progressivement dans la direction nĂ©cessaire. En fin de compte, l’Occident, grĂące Ă  ses attraits supĂ©rieurs, surmontera le marxisme en s’appropriant les cĂŽtĂ©s nĂ©gatifs du marxisme tout en abandonnant l’humanisme rĂ©siduel du marxisme. DĂ©jĂ  en 1969, Del Noce Ă©crivait que la sociĂ©tĂ© technologique occidentale imitait la mĂ©thode marxiste dans le sens oĂč elle rejetait ce que Marx avait rejetĂ© – en premier lieu le christianisme et Platon. Par contre, la sociĂ©tĂ© technologique va Ă  l’encontre du marxisme en instituant un individualisme absolu. Une telle inversion donne Ă  la civilisation technologique la fausse apparence d’ĂȘtre une dĂ©mocratie » et la continuitĂ© de l’esprit du libĂ©ralisme. » Live Not By Lies de Dreher prĂ©sente le thĂšme classique d’une guerre froide entre un Ouest essentiellement bon et libre et un Est essentiellement mauvais et pas libre. Cela rend d’autant plus choquant le fait qu’un des interlocuteurs hongrois de Dreher observe que les trente prĂ©cĂ©dentes annĂ©es de libertĂ© » ont dĂ©truit plus de mĂ©moire culturelle en Hongrie que toute autre Ă©poque prĂ©cĂ©dente. Ce que ni le nazisme ni le communisme n’ont pu faire, le capitalisme libĂ©ral victorieux l’a fait », lui dit un professeur hongrois. L’idĂ©e libĂ©rale occidentale a abouti Ă  un dĂ©racinement plus complet de la personne du passĂ© et de ses traditions, y compris de la religion » que ce que l’ùre communiste avait rĂ©ussi Ă  faire. De mĂȘme, Timo Krizka, cinĂ©aste slovaque et chroniqueur de la persĂ©cution des fidĂšles Ă  l’époque communiste, a dĂ©clarĂ© que la prospĂ©ritĂ© et la libertĂ© occidentales – la libertĂ© telle que l’Occident la dĂ©finit – n’avaient pas grand-chose Ă  voir avec les aspirations de ces chrĂ©tiens qu’il avait fini par admirer. Ils avaient trouvĂ© un sens mĂȘme Ă  leurs souffrances et vivaient dans la joie malgrĂ© le peu qu’ils possĂ©daient. Ce que Krizka a dĂ©couvert, Ă©crit Dreher, c’est que l’idĂ©e libĂ©rale sĂ©culaire de la libertĂ© si populaire en Occident 
 est un leurre ». Il s’est avĂ©rĂ© que le fait de se libĂ©rer de tout engagement contraignant envers Dieu, le mariage, la famille est un chemin vers l’enfer ». Cela renverse le thĂšme narratif prĂ©cĂ©dent de Dreher. Le mouvement qui s’éloigne du mensonge » et qui, comme on nous l’avait laissĂ© entendre, avait un caractĂšre spatial – un mouvement qui s’éloigne de l’Est de la longue main de Moscou », du communisme, de la Russie, etc. et qui se dirige vers l’Occident, idĂ©alement vers les États-Unis, s’avĂšre plutĂŽt ĂȘtre de nature civilisationnelle. Bien sĂ»r, Dreher nous dit que l’Occident lui-mĂȘme Ă©volue dans des directions analogues Ă  l’ancien ordre communiste. C’est bien le cas. Mais nous voyons maintenant un point trĂšs diffĂ©rent Ă©merger. Le cƓur mĂȘme de l’idĂ©al de la civilisation libĂ©rale, un idĂ©al, de plus, trĂšs ancien en Occident, s’avĂšre, selon Dreher, ĂȘtre un mensonge. Dreher cite le travail du philosophe catholique Michael Hanby, l’un des critiques les plus perspicaces de la modernitĂ© libĂ©rale. Hanby dĂ©crit ce qui pourrait s’avĂ©rer ĂȘtre le fil conducteur reliant le dĂ©tournement actuel de l’Occident rĂ©volutionnaire de la nature biologique, de toute forme traditionnelle, et son apparente adhĂ©sion Ă  une nouvelle utopie » technologique aux qualitĂ©s dystopiques Ă©videntes. Les deux mouvements trouvent leur source ultime dans cette habitude de pensĂ©e qui a dĂ©fini la modernitĂ© libĂ©rale pendant des siĂšcles le mythe du progrĂšs et la science conçue comme le moteur de ce progrĂšs. Pour Hanby, la rĂ©volution sexuelle en constante Ă©volution est au fond, la rĂ©volution technologique et sa guerre perpĂ©tuelle contre les limites naturelles appliquĂ©es extĂ©rieurement au corps et intĂ©rieurement Ă  la comprĂ©hension de soi ». Le dĂ©fi que la pensĂ©e technocratique pose Ă  la notion de vĂ©ritĂ© et de mensonge est fondamental. La perspective technologique se dĂ©veloppe Ă  partir du positivisme implicitement ou explicitement adoptĂ©, sinon par toute la science » occidentale en tant que telle certainement pas par toute la physique ou la science cognitive occidentale, du moins par le scientisme qui est Ă  la mode dans le monde occidental Ă©duquĂ© depuis au moins le dĂ©but du XIXe siĂšcle. Pour la science ainsi comprise, la connaissance ne peut avoir de valeur que dans la mesure oĂč elle sert des fins pratiques. Mais si seul ce qui est du domaine de la rĂ©alitĂ© matĂ©rielle est reconnu comme rĂ©el, alors ce qui est privilĂ©giĂ© par rapport Ă  tout le reste est la transformation de la matiĂšre, une transformation orientĂ©e vers un contrĂŽle toujours plus grand. Une autre consĂ©quence est la nĂ©gation de la mĂ©taphysique et l’affaiblissement de la tradition. Del Noce aide Ă  clarifier pourquoi cela doit ĂȘtre le cas. Si la notion platonicienne de vĂ©ritĂ© qui n’est que mĂ©taphysique » ne fait plus autoritĂ© et si, par consĂ©quent, la vĂ©ritĂ© ne peut plus ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme Ă©tant au-dessus de nous, alors pourquoi devrions-nous la rĂ©vĂ©rer, pourquoi la considĂ©rer comme quelque chose de sacrĂ© ? La sociĂ©tĂ© technologique rejette toute rĂ©vĂ©rence de ce genre. Notez, cependant, ce qui se passe ensuite. Une vĂ©ritĂ© aussi banalisĂ©e devient rapidement ennuyeuse. D’oĂč l’adoration de la nouveautĂ©, d’oĂč la destruction joyeuse de toute tradition, qui est en soi la seule tradition » encore honorĂ©e par l’homme technocratique. Certes, bien avant le dĂ©but du XIXe siĂšcle, la pensĂ©e occidentale Francis Bacon, Niccolo Machiavel, John Locke et leurs hĂ©ritiers avait dĂ©jĂ  rejetĂ© la nature telle qu’elle Ă©tait comprise par les traditions de la pensĂ©e aristotĂ©licienne et platonicienne et les formes de christianisme de l’Orient et de l’Occident influencĂ©es par celles-ci. Dans cette conception antĂ©rieure, non technocratique, de la nature, toutes les choses créées ont une orientation significative vers leur forme idĂ©ale, ou telos. C’est leur nature. En l’absence d’une forme juste pour quoi que ce soit, en l’absence de nature, comme l’a Ă©galement reconnu Martin Heidegger, tout ce qui reste est de la matiĂšre nue au sens d’une ressource » attendant d’ĂȘtre modelĂ©e par une volontĂ© extĂ©rieure. L’ordre technocratique est profondĂ©ment volontariste. Si ce que nous savons du monde n’est pas conditionnĂ© ou limitĂ© par ce que les choses sont, dans leur nature mĂȘme, alors qu’est-ce qui nous empĂȘche de remplacer ce qu’on appelait la nature par ce que nous fabriquons nous-mĂȘmes ? Qu’est-ce qui nous dissuade de supposer que ce qui existe de plus fondamental » est ce que nous fabriquons nous-mĂȘmes ? Du point de vue du mode de connaissance technologique, comme l’a soulignĂ© le philosophe canadien George Grant, les processus de connaissance » et de fabrication » commencent Ă  se confondre. Sous la technocratie, l’état d’esprit technologique atteint son apogĂ©e dĂ©sormais, le sens mĂȘme de la vĂ©ritĂ© change, tout comme la notion de mensonge. La vĂ©ritĂ© est ce que nous fabriquons. Ce que l’on appelait autrefois un mensonge peut ĂȘtre considĂ©rĂ© maintenant comme une simple Ă©tape de ce processus de fabrication. La connaissance technologique ne nous laisse plus que deux façons d’ĂȘtre dans le monde le contrĂŽle ou le conflit. Il n’est plus possible de simplement laisser ĂȘtre » ce qui n’est pas entiĂšrement sous notre contrĂŽle. Tout comme la vĂ©ritĂ© ne suscite plus de rĂ©vĂ©rence, les choses », quelles qu’elles soient – arbres, nations, rochers, visages humains – ne suscitent pas non plus de rĂ©vĂ©rence. Comme le dit Grant, tout ce que nous pouvons devoir, au sens d’un devoir ou d’une obligation nĂ©cessaire envers un autre ĂȘtre, est toujours provisoire par rapport Ă  ce que nous dĂ©sirons crĂ©er ». En d’autres termes, ce qui est dĂ» » Ă  quelque chose est toujours d’abord soumis Ă  notre propre volontĂ©. La volontĂ© technocratique est autonome et libre » spĂ©cifiquement dans le sens oĂč elle n’est pas entravĂ©e par un ordre, un telos ou une obligation antĂ©rieurs. Le rationaliste de style kantien rĂ©pondrait, bien sĂ»r, que les lignes de dĂ©marcation, les principes limitatifs, sont, aprĂšs tout, fixĂ©s ici par l’autonomie et la dignitĂ© a priori de chaque sujet, ou personne. Mais quelle est la source de cette dignitĂ© ? C’est que nous sommes des crĂ©atures capables de concevoir notre propre loi. Et pour cette loi ainsi comprise, faut-il autre chose que la cohĂ©rence ? Dans sa forme moderne et vulgarisĂ©e, la grandeur de la pensĂ©e d’Emmanuel Kant produit le prĂ©tendu ordre fondĂ© sur des rĂšgles » sur lequel les États-Unis fondent la lĂ©gitimitĂ© de leur vision de l’ordre international. Mais un tel ordre » se passe du droit, et ce dans plusieurs sens. Comme je l’ai soutenu ailleurs, un ordre fondĂ© sur le droit exige prĂ©cisĂ©ment la permanence et la disponibilitĂ© de la vĂ©ritĂ© – au minimum une capacitĂ© Ă  dĂ©terminer de maniĂšre fiable ce qui n’est pas vrai. C’est prĂ©cisĂ©ment cette capacitĂ© qui n’existe plus dans l’ordre technocratique. Si la rĂ©alitĂ© et la vĂ©ritĂ© peuvent ĂȘtre créées, fabriquĂ©es, alors le waterboarding peut servir de moyen suffisamment fiable de dĂ©couverte juridique. Le waterboarding, en tant que moyen d’interroger les prisonniers amĂ©ricains, est devenu populaire bien avant toute apparition de la gauche woke » dans la vie amĂ©ricaine. Cela nous amĂšne Ă  une omission notable dans le rĂ©cit de Dreher sur ce que signifie ne pas vivre de mensonges ». L’instrumentalisation de la raison est en effet une pratique rĂ©pandue parmi ceux que Dreher appelle les Social Justice Warriors susmentionnĂ©s. L’utilisation, ou plutĂŽt l’abus de la raison n’est cependant pas une invention originale des sjws. C’est depuis longtemps un trait caractĂ©ristique de la modernitĂ© libĂ©rale en tant que telle. En mĂȘme temps, dans le dĂ©veloppement historique actuel du technologisme volontariste, c’est l’État amĂ©ricain de sĂ©curitĂ© nationale qui a affinĂ© cette approche en faisant de cette instrumentalisation de la raison l’outil le plus vital de son arsenal. Le rĂ©sultat a Ă©tĂ© ces manipulations de l’information » qui ont remplacĂ© ce qu’on appelait autrefois les nouvelles ». En effet, ces manipulations de l’information ne sont plus le fait d’une seule agence, mais de l’ensemble du gouvernement et mĂȘme de l’ensemble du bloc politique. Alors pourquoi blĂąmer Black Lives Matter ? Si la majestĂ© de la loi » – reprĂ©sentĂ©e par l’État lui-mĂȘme, mĂȘme si l’État, sans le reconnaĂźtre, a corrompu le sens mĂȘme de la loi – modĂšle pour le reste de la sociĂ©tĂ© d’une imposition volontariste de sa volontĂ©, pourquoi ĂȘtre surpris lorsque les citoyens d’un tel gouvernement imitent de maniĂšre radicale ce que l’État lui-mĂȘme a dĂ©jĂ  bĂ©ni ? Si la loi modĂšle le volontarisme comme la forme idĂ©ale aujourd’hui technologiquement comprise de la raison » moderne, pourquoi s’étonner que la raison » des citoyens soit Ă©galement corrompue ? Il ne s’agit en aucun cas de prendre le parti des wokes. Leur dĂ©fense moralisatrice de catĂ©gories toujours nouvelles d’opprimĂ©s s’auto-dĂ©truit de toute façon. D’une part, Dreher dĂ©crit avec prĂ©cision leur cynisme rĂ©volutionnaire vis-Ă -vis de la vĂ©ritĂ© », leur rejet de la raison ». D’autre part, il se peut que les rĂ©volutionnaires aient parfois raison de voir clair dans les tromperies d’un pouvoir qui se cache derriĂšre un ersatz de raison » – Foucault, aprĂšs tout, n’avait pas entiĂšrement tort. Le problĂšme est le suivant mĂȘme les biens rĂ©els que les sjws peuvent occasionnellement dĂ©fendre deviennent finalement sans dĂ©fense dĂšs que leur propre logique est adoptĂ©e. Comme l’a dit Schindler La dignitĂ© humaine repose sur le fait que, lorsque l’ordre social s’effondre, face Ă  l’oppression et Ă  la force aveugle du pouvoir, on peut toujours se positionner par rapport Ă  la vĂ©ritĂ©. Mais si le fondement ultime de la vĂ©ritĂ© est lui-mĂȘme suspendu
 alors il n’y a pas d’endroit oĂč se tenir. Arendt, bien connue pour ses Ă©tudes sur le totalitarisme, est moins souvent considĂ©rĂ©e comme une personne prĂ©occupĂ©e par la transformation des États-Unis en un tel systĂšme idĂ©ologique. Bien qu’elle n’ait peut-ĂȘtre pas utilisĂ© le terme technocratie », Arendt Ă©tait trĂšs prĂ©occupĂ©e par une tendance au sein de la haute politique amĂ©ricaine qui abandonnait son souci de la rĂ©alitĂ©, et donc son engagement envers l’ordre factuel qui existe indĂ©pendamment de notre volontĂ©. Dans son commentaire sur les Pentagon Papers, par exemple, Arendt note que les hauts fonctionnaires de l’exĂ©cutif substituaient rĂ©guliĂšrement au monde factuel un monde qu’ils avaient simplement fabriquĂ©, un monde basĂ© sur les apparences. Arendt a fait allusion Ă  des prĂ©occupations similaires lorsqu’elle a Ă©crit, dans son essai intitulĂ© VĂ©ritĂ© et politique », que 
enfin, et c’est peut-ĂȘtre le plus troublant, si les mensonges politiques modernes sont si gros qu’ils nĂ©cessitent un rĂ©arrangement complet de toute la texture factuelle – la crĂ©ation d’une autre rĂ©alitĂ©, pour ainsi dire, dans laquelle ils s’insĂ©reront sans couture, fissure ou cassure, exactement comme les faits s’insĂšrent dans leur propre contexte original – qu’est-ce qui empĂȘche ces nouvelles histoires, images et non-faits de devenir un substitut adĂ©quat Ă  la rĂ©alitĂ© et Ă  la factualitĂ© ? Y a-t-il des raisons suffisantes pour supposer que, dĂ©jĂ  ici, Arendt pensait non seulement aux rĂ©gimes infĂąmes des annĂ©es 30 en Allemagne et en URSS, mais aussi aux États-Unis tels qu’ils Ă©voluaient dĂ©jĂ  Ă  son Ă©poque ? Au moment oĂč elle Ă©crit cet essai, en 1967, deux mensonges majeurs se sont dĂ©jĂ  institutionnalisĂ©s aux États-Unis, mĂȘme si l’un s’avĂšre plus rĂ©ussi que l’autre. Le premier concerne la guerre du Vietnam. Les nombreux mensonges qui ont rendu cette guerre possible ont finalement Ă©tĂ© rendus publics lorsque Daniel Ellsberg a divulguĂ© les Pentagon Papers » en 1971. Arendt a consacrĂ© une attention considĂ©rable Ă  ce rapport et Ă  l’obsession malsaine de l’exĂ©cutif pour la fabrication d’images . D’autre part, les mensonges entourant les assassinats des annĂ©es 1960 n’avaient pas encore, Ă  l’époque, Ă©tĂ© rendus entiĂšrement publics, et ils ne le sont toujours pas. En ce qui concerne l’assassinat de John F. Kennedy, Arendt, dans sa derniĂšre interview, en octobre 1973, remarquait Je pense que le vĂ©ritable tournant dans toute cette affaire a Ă©tĂ© en effet l’assassinat du prĂ©sident. Peu importe comment vous l’expliquez et peu importe ce que vous savez ou ne savez pas Ă  ce sujet, il est tout Ă  fait clair que maintenant, vraiment pour la premiĂšre fois dans une trĂšs longue pĂ©riode de l’histoire amĂ©ricaine, un crime direct a interfĂ©rĂ© avec le processus politique. Et cela a en quelque sorte changĂ© le processus politique. Sa dĂ©claration cela a en quelque sorte changĂ© le processus politique » est remarquable. Elle fait rĂ©fĂ©rence Ă  la naissance de l’utilisation systĂ©matique du mensonge » qui change la rĂ©alitĂ© dans la politique amĂ©ricaine, l’utilisation d’une technologie capable d’assurer la crĂ©ation rĂ©ussie d’une nouvelle rĂ©alitĂ© qui peut, comme Arendt l’a dit, se substituer Ă  la rĂ©alitĂ© et la factualitĂ©. » Dans cette mĂȘme interview, Ă  la question de savoir ce qui motive l’arrogance du pouvoir » de l’exĂ©cutif, elle rĂ©pond C’est vraiment la volontĂ© de dominer, pour l’amour du ciel. Et jusqu’à prĂ©sent, cela n’a pas rĂ©ussi, car je suis toujours assise avec vous Ă  cette table et je parle assez librement 
 d’une certaine maniĂšre, je n’ai pas peur. » Dans le sillage de l’assassinat – je devrais dire les assassinats, car les dĂ©cĂšs de John F. Kennedy, Robert Kennedy et Martin Luther King faisaient bien sĂ»r tous partie de la mĂȘme sĂ©rie – l’atmosphĂšre spirituelle et intellectuelle des États-Unis a subi un changement radical. L’humaniste de formation classique, pourtant dĂ©jĂ  une raretĂ©, a tout simplement disparu de la politique amĂ©ricaine. Le sexe, drogue et rock-and-roll », le mysticisme, Tolkien, bien que de maniĂšre trĂšs diffĂ©rente, ont Ă©galement servi Ă  dĂ©tourner beaucoup d’autres personnes du contact avec la vraie politique. Ceux qui Ă©taient encore attirĂ©s par la politique ne pouvaient ĂȘtre que de deux types. L’un Ă©tait l’ idĂ©aliste » Ă  la Ronald Reagan qui embrassait une version fantaisiste de l’AmĂ©rique et du monde en gĂ©nĂ©ral. L’autre Ă©tait le rĂ©aliste autoproclamĂ©, le technocrate. Arendt, dans ses rĂ©flexions sur les Pentagon Papers, a dĂ©crit ces technocrates et rĂ©solveurs de problĂšmes » comme des hommes intelligents qui, Ă  un degrĂ© plutĂŽt effrayant », sont au-dessus de tout sentimentalisme. Ils mentent systĂ©matiquement, non pas parce qu’ils manquent de toute intĂ©gritĂ©, mais simplement parce que cela leur donne un cadre dans lequel ils peuvent travailler. » Le divorce total entre l’acte et sa signification profonde crĂ©e en effet le cadre idĂ©al pour un travail sans fin. Ce mĂȘme type psychologique en est venu progressivement Ă  occuper tous les bureaux de tous les buildings des think tanks de Washington et de Crystal City. Ce sont eux qui, aprĂšs la chute de l’Union soviĂ©tique, ont Ă©laborĂ© les plans visant Ă  dĂ©cimer une demi-douzaine de pays au Moyen-Orient et en Asie centrale, aprĂšs l’avoir dĂ©jĂ  fait en Asie de l’Est et en AmĂ©rique centrale des annĂ©es 1960 aux annĂ©es 1980. Ce sont eux qui ont parsemĂ© leurs discours de bons mots tels que Tous les dix ans environ, les États-Unis doivent prendre un petit pays minable et le jeter contre le mur, juste pour montrer au monde que nous sommes sĂ©rieux ». Rien ne fournit une base plus vigoureuse pour l’action et le contrĂŽle que la peur, et les technocrates se mettent donc volontiers Ă  crĂ©er les menaces qui suscitent cette peur toujours si utile. On pourrait continuer ainsi. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, l’impact de ces assassinats a Ă©tĂ© le suivant il a contribuĂ© Ă  l’émergence d’une culture amĂ©ricaine qui, si elle n’est pas littĂ©ralement terrifiĂ©e par la pensĂ©e, l’évite au moins autant qu’il est humainement possible. Il est plus sĂ»r de s’en tenir au scĂ©nario prĂ©-approuvĂ©. Maintenant que le monde dans son ensemble, ou en tout cas les grandes puissances, adoptent la technocratie, le problĂšme du mensonge en politique, ainsi que la signification de la vĂ©ritĂ© » et de la rĂ©alitĂ© », doivent ĂȘtre réévaluĂ©s. Il ne suffit plus de critiquer le mensonge en termes moraux. Seule une critique philosophique et thĂ©ologique peut avoir un espoir d’adĂ©quation avec le dĂ©fi que reprĂ©sente la technocratie, notre nouvelle anti civilisation mondiale. Une fois que le savoir technologique devient omniprĂ©sent, la rĂ©alitĂ© » ne peut plus agir comme une limite ou une discipline contre le mensonge. Entre l’assassinat de Kennedy et aujourd’hui, en ce milieu d’annĂ©e 2021, il y a eu de nombreux cas de crĂ©ation technocratique de nouvelles rĂ©alitĂ©s » englobantes accomplies par l’utilisation de ce que l’on appelait autrefois des mensonges ». Le Russiagate vient certainement Ă  l’esprit. Tout comme l’opĂ©ration Timber Sycamore en Syrie. Tout comme ce fameux suicide dans une prison de New York, en aoĂ»t 2019, d’une personne Ă©galement apparemment liĂ©e aux milieux du renseignement [Epstein, NdT]. Nous n’avons ni le temps ni l’espace pour dĂ©velopper tous ces exemples ici, et de toute façon, il serait inutile de le faire, sauf, peut-ĂȘtre, dans une nouvelle itĂ©ration du Samizdat. L’Empire romain a persistĂ© pendant des siĂšcles sans aucune dĂ©votion notable Ă  la vĂ©ritĂ©. C’est en tout cas l’avis de Simone Weil [la philosophe, NdSF]. La Rome antique a dĂ©montrĂ© l’efficacitĂ© de la combinaison du pouvoir absolu, d’une part, et du maintien d’une rĂ©putation de grandeur, d’autre part. Cette mĂ©thode de domination humaine reposait sur une abondante autopromotion complĂ©tĂ©e par un systĂšme de propagande omniprĂ©sent. Cette mĂȘme propagande Ă©tait d’autant plus convaincante qu’elle suscitait l’effroi par l’usage massif de la force dĂ©ployĂ©e contre quiconque y rĂ©sistait. Dans ses RĂ©flexions sur les origines de l’hitlĂ©risme, Weil a trouvĂ© dans la Rome antique l’inspiration originelle de cette puissance qui, au moment mĂȘme oĂč elle Ă©crivait, terrorisait la France et la majeure partie du reste du continent europĂ©en. La Rome antique Ă©tait avant tout un systĂšme volontariste, mĂȘme si ce n’était pas, du moins au sens de ce terme que nous avons explorĂ© plus haut, un systĂšme technocratique. Certes, sa conception de la nature et de la science diffĂ©rait grandement de celle de la GrĂšce antique. Ce qui prĂ©occupait Rome avant tout, selon Weil, c’était son prestige. Toutes ces cruautĂ©s [le traitement rĂ©servĂ© par Rome Ă  Carthage, entre autres massacres] constituaient le moyen d’élever son prestige. Le principe central de la politique romaine 
 Ă©tait de maintenir son propre prestige dans toute la mesure du possible, et quel qu’en soit le prix. » Plus loin dans l’essai, elle ajoute que rien n’est plus essentiel Ă  une politique fondĂ©e sur le prestige que la propagande. » Je me demande souvent si, si Simone Weil Ă©crivait aujourd’hui, elle aurait vu dans les États-Unis le digne successeur de la Rome antique. Certains indices, parsemĂ©s dans ses Ă©crits, laissent penser qu’elle aurait pu ĂȘtre encline Ă  aller dans ce sens. Dans A Propos de la question coloniale », elle Ă©crit Nous savons bien qu’il existe un grave danger d’amĂ©ricanisation de l’Europe aprĂšs la guerre, et nous savons ce que nous perdrions si cela devait arriver. Ce que nous devrions perdre, c’est cette partie de nous-mĂȘmes qui s’apparente Ă  l’Orient. 
 il semble que l’Europe ait pĂ©riodiquement besoin de contacts authentiques avec l’Est afin de rester spirituellement vivante
 l’amĂ©ricanisation de l’Europe conduirait Ă  l’amĂ©ricanisation du monde entier. Weil s’inquiĂšte que la domination de l’AmĂ©rique aprĂšs la guerre signifie que l’humanitĂ© dans son ensemble perdra son passĂ©. » Ce que Weil craignait s’est presque dĂ©jĂ  produit. Certes, que ce soit l’AmĂ©rique ou un autre pays qui agisse comme moteur de l’ordre technocratique n’a, en fin de compte, que peu d’importance. Tant qu’une grande puissance – les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Allemagne, etc. – adopte la technocratie, cela dĂ©clenche un mĂ©canisme de rĂ©troaction qui rend presque impossible pour toute autre nation de faire un choix civilisĂ©. Aujourd’hui, la Russie craint clairement que le rejet de l’approche technologique ne fasse d’elle une proie facile pour les prĂ©dateurs extĂ©rieurs, et son alliance croissante avec la Chine n’est guĂšre propice Ă  l’abandon de la technocratie. Et pourtant, de toutes les grandes puissances, seule la Russie a les moyens historiques de s’engager rĂ©solument dans une autre direction. Il fut un temps, qui semble s’ĂȘtre achevĂ© au milieu de l’administration Trump, oĂč les conseillers du Kremlin conseillaient d’embrasser la tradition russe, influencĂ©e par le christianisme byzantin, d’une rationalitĂ© fondĂ©e sur la mĂ©taphysique. Ils ont fait valoir qu’un tel traditionalisme constituerait un exemple attrayant, tant Ă  l’intĂ©rieur qu’à l’extĂ©rieur de la Russie, et qu’il aurait l’avantage supplĂ©mentaire de relier la politique russe Ă  quelque chose que de nombreux Russes ordinaires pourraient respecter et pour lequel ils Ă©prouveraient de l’affection. Le problĂšme de la conciliation de la politique – en particulier d’une politique qui embrasse la vĂ©ritĂ© – et de la nĂ©cessitĂ© pour un public de ressentir une affection authentique pour son pays et son passĂ©, est apparu au grand jour dans de nombreux pays ; aux États-Unis, il est au cƓur mĂȘme d’une crise nationale. En attendant, le rĂ©sultat de ces efforts des conseillers du Kremlin reste, au mieux, assez ambigu. Les politiciens sont des pragmatiques. Ce qui n’apporte pas de rĂ©sultats est gĂ©nĂ©ralement rejetĂ©, et les ouvertures vers le monde extĂ©rieur fondĂ©es sur la tradition » n’ont rien apportĂ© Ă  la Russie. Est-il possible de terminer sur une note d’espoir ? Je ne peux pas parler pour la Chine. D’ailleurs, je ne peux pas non plus parler pour l’Angleterre, l’Allemagne ou la France. Quoi qu’il en soit, ce que j’ai vu de la Russie d’aujourd’hui suffit Ă  entretenir l’espoir que, si les États-Unis ou toute autre grande puissance amorçait de maniĂšre inattendue une rupture avec le projet technocratique, pour embrasser au contraire la tradition de la rationalitĂ© qui considĂšre la vĂ©ritĂ© comme sacrĂ©e, il y a de bonnes chances, dĂšs aujourd’hui, qu’elle soit accueillie par la rĂ©ciprocitĂ© de la Russie et, le cas Ă©chĂ©ant, par le pardon. Nous devons, bien sĂ»r, mettre de cĂŽtĂ© les notions romantiques sur les Russes. Certains sont matĂ©rialistes. Certains sont des technocrates. Certains sont des tricheurs. Comme tout autre peuple, les Russes ont beaucoup de dĂ©fauts. Pourtant, il reste en Russie un contingent non nĂ©gligeable de personnes qui n’ont pas encore oubliĂ© leur tradition millĂ©naire et qui murmurent parfois, avec Ă©motion, la phrase Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons Ă  ceux qui nous ont offensĂ©s ». Ces personnes, que l’on appelle des chrĂ©tiens, ont encore au moins une base solide sur laquelle s’appuyer en Russie. Pouvons-nous en dire autant en Occident ? Paul R. Grenier est le prĂ©sident et fondateur de Centre Simone Weil pour la philosophie politique Traduit par Wayan, relu par HervĂ©, pour le Saker Francophone

DeuxiĂšmeracine de la post-vĂ©ritĂ©, la naissance de l’industrie du mensonge. La professionnalisation des stratĂ©gies de communication et de lobbying a son revers : l’efficacitĂ© accrue des tentatives de manipulation Ă  destination des publics, par mĂ©dias in terposĂ©s.
...Sous prĂ©texte d’un questionnement ouvert, l’exposition Celtique ? » qui se tient au MusĂ©e de Bretagne du 18 mars 2022 au 4 dĂ©cembre 2022, procĂšde en rĂ©alitĂ© Ă  une manipulation nationaliste des esprits qui, bien que dĂ©noncĂ©e Ă  plusieurs reprises — arguments Ă  l’appui —, ne suscite toujours pas, pour l’instant, les rĂ©actions publiques qui s’imposent. La manipulation Une fausse question L’exposition Celtique ? » du MusĂ©e de Bretagne prĂ©tend questionner l’identitĂ© celtique de la Bretagne »[1], ce qui serait trĂšs intĂ©ressant si ce n’était un artifice tout questionnement peut, en effet, s’avĂ©rer intellectuellement constructif[2]. Pour ma part, en tant qu’enseignant-chercheur, je passe mon temps Ă  me poser des questions, Ă  Ă©mettre des hypothĂšses et Ă  douter. Je suis donc particuliĂšrement ouvert au questionnement. Mais, Ă  travers cette exposition, le MusĂ©e de Bretagne tente de faire passer pour un questionnement » ce qui n’est, en vĂ©ritĂ©, qu’une dĂ©monstration biaisĂ©e, contraire Ă  la dĂ©ontologie scientifique et irrespectueuse du public. Une vraie tromperie J’ai montrĂ©, dans un billet publiĂ© le 29 juin sur le Club de Mediapart, en quoi rĂ©sidait la malhonnĂȘtetĂ© intellectuelle de l’exposition[3]. Voici, pour mĂ©moire, un rĂ©sumĂ© de mes principaux arguments Il est malhonnĂȘte, de dire que c’est le mouvement breton qui est allĂ© chercher la celtitude en rĂ©alitĂ©, elle est accolĂ©e aux Bretons depuis le Haut Moyen Âge. Le mouvement breton s’est surtout efforcĂ© de retourner le stigmate. Il est malhonnĂȘte de ne mentionner que l’utilisation qui a Ă©tĂ© faite de la celtitude par les nationalistes bretons, sans Ă©voquer l’utilisation qui a Ă©tĂ© faite de la celtitude par le nationalisme français d’État, fondĂ©e sur des idĂ©es racistes, enseignĂ©e dans les Ă©coles pendant des gĂ©nĂ©rations, et reprise aujourd’hui par l’extrĂȘme droite. Il est tendancieux d’écrire que c’est le nationalisme revanchard qui va relever la France aprĂšs la guerre ». Il est faux de dire qu’il n’y a pas de filiation directe entre les faits culturels d’aujourd’hui et ceux des populations de l’AntiquitĂ© alors qu’il existe une filiation linguistique directe entre les langues celtiques contemporaines et les langues celtiques de l’antiquitĂ©. Il est contraire Ă  toute dĂ©ontologie de dissimuler sciemment les travaux scientifiques qui contredisent le propos de l’exposition, notamment ceux du fameux ethnologue Donatien Laurent. Il est malhonnĂȘte d’utiliser un jeu pipĂ© pour glisser astucieusement des idĂ©es inexactes dans l’esprit du public. Des lanceurs d’alerte Au moins trois alertes successives ont Ă©tĂ© lancĂ©es au sujet de cette exposition Le 20 mai 2022, le musicien Alan Stivell, parrain de l’exposition, retire son parrainage en dĂ©nonçant sur Facebook une manipulation des esprits »[4]; Le 29 juin, j’alerte sur une manipulation idĂ©ologique au MusĂ©e de Bretagne » Ă  travers le billet que je viens de citer, publiĂ© sur le Club de Mediapart[5]; Le 23 juillet, Yann-Vadezour ar Rouz dĂ©nonce une stigmatisation de l’identitĂ© bretonne » sur le site Justice pour nos langues »[6]. J’ignore l’écho que les autres alertes ont rencontrĂ© mais, pour ma part, j’ai reçu un nombre inhabituellement Ă©levĂ© de rĂ©actions — toutes positives — Ă  mon billet. Si certaines Ă©manaient du grand public, beaucoup d’autres provenaient de la communautĂ© scientifique ethnologues, archĂ©ologues et, mĂȘme, membres du comitĂ© scientifique de l’exposition ou du MusĂ©e de Bretagne. Barry Cunliffe, en particulier, archĂ©ologue de rĂ©putation mondiale que je ne connaissais pas personnellement, m’a fait l’honneur de m’écrire en ces termes Plusieurs personnes que je connais ont visitĂ© [cette exposition] et ont Ă©tĂ© trĂšs mĂ©contentes du ton partial de la prĂ©sentation. Je suis trĂšs heureux d’avoir votre opinion rĂ©flĂ©chie. Je comprends maintenant parfaitement pourquoi il y a eu du mĂ©contentement. Il est vraiment dommage que les autoritĂ©s du musĂ©e n’aient pas saisi l’occasion d’encourager un dĂ©bat sĂ©rieux et ouvert d’esprit[7]. » Toutes ces rĂ©actions privĂ©es m’ont confortĂ© dans mon analyse mais l’absence, jusqu’à prĂ©sent, de rĂ©action publique me trouble. Les rĂ©actions publiques se font attendre Les mĂ©dias La presse quotidienne rĂ©gionale et la tĂ©lĂ©vision rĂ©gionale ne se sont pas encore vraiment emparĂ©es de ces trois alertes successives. Elles ont, certes, Ă©voquĂ© la dĂ©mission d’Alan Stivell mais en tendant, parfois, Ă  en attĂ©nuer la portĂ©e. Ainsi Le TĂ©lĂ©gramme a-t-il fait paraĂźtre dans ses colonnes que le musicien boude » l’exposition[8], ce qui risque de rĂ©duire son alerte Ă  un simple enfantillage dans l’esprit des lecteurs. France 3, pour sa part, a publiĂ© sur son site internet que tout est dans le point d’interrogation » du titre de l’exposition, ce qui pourrait sous-entendre que Stivell refuse le dĂ©bat[9]. Or, ce fameux point d’interrogation n’est en rĂ©alitĂ© qu’un leurre sous prĂ©texte de prendre un parti pris de questionnements »[10]— lequel serait parfaitement louable —, l’exposition ne questionne pas, elle affirme. Elle pose, en effet, une thĂšse empreinte de nationalisme français et dissimule aux yeux du public les travaux scientifiques qui permettraient Ă  celui-ci de se rendre compte que cette thĂšse est infondĂ©e. Il eut Ă©tĂ© plus juste que cette exposition s’appelĂąt Pas celtique ! », avec un point d’exclamation. Quant aux deux autres alertes la mienne et celle du site Justice pour nos langues », elles n’ont jusqu’à prĂ©sent pas Ă©tĂ© relayĂ©es par les mĂ©dias rĂ©gionaux[11]. Les institutions rĂ©gionales, en revanche, ont-elles davantage rĂ©agi ? Les institutions Le Conseil rĂ©gional de Bretagne On peut lire sur internet que la Direction de l’éducation et des langues de Bretagne du Conseil rĂ©gional de Bretagne a Ă©tĂ© saisie de la question de cette exposition le lundi 1er aoĂ»t 2022. Le directeur du service a rĂ©pondu avoir bien notĂ© [cette] alerte » et ajoutĂ© nous allons nous renseigner »[12], ce qui n’engage Ă  rien. Les Champs libres On peut Ă©galement lire, sur le mĂȘme site internet, que la directrice gĂ©nĂ©rale des Champs libres, dont dĂ©pend le MusĂ©e de Bretagne, a annoncĂ©, pour faire suite aux critiques, que les textes de l’exposition seraient rĂ©examinĂ©s »[13]. On ne peut a priori que s’en rĂ©jouir. Toutefois, l’argumentation qui accompagne ce projet de rĂ©examen — selon laquelle le problĂšme de l’exposition ne consisterait qu’en quelques maladresses » et adjectifs un peu dĂ©placĂ©s » — laisse perplexe sur la volontĂ© rĂ©elle de corriger l’exposition. Car ce n’est pas de maladresse » qu’il s’agit mais, au contraire, d’une habiletĂ© Ă  manipuler qui a Ă©tĂ© prise en dĂ©faut[14]. EspĂ©rons que le rĂ©examen » en question ne sera pas factice, se contentant simplement d’enlever les ficelles trop voyantes. Il ne suffit pas, en effet, de retirer la conclusion pĂ©remptoire et erronĂ©e de l’exposition selon laquelle il n’y a pas de filiation directe entre les faits culturels d’aujourd’hui et ceux des populations de l’AntiquitĂ© »[15] et de changer quelques adjectifs un peu dĂ©placĂ©s » pour faire cesser la manipulation. Un vrai questionnement — qu’il soit scientifique, juridique ou autre — repose sur une information complĂšte ou, Ă  tout le moins, Ă©quilibrĂ©e. Or, l’exposition a savamment dissimulĂ© les travaux scientifiques qui n’allaient pas dans le sens de son idĂ©ologie selon laquelle la celtitude contemporaine serait un mythe construit par le Mouvement breton, qui a dĂ©rivĂ© vers la collaboration lors de la Seconde Guerre mondiale. Au lieu de se contenter de faire disparaĂźtre les trucs » qui ont Ă©tĂ© Ă©ventĂ©s par la critique, il faut dĂ©sormais que le MusĂ©e de Bretagne expose les travaux scientifiques que cette exposition a cachĂ©s, qu’il en finisse avec l’opposition factice entre culture matĂ©rielle et culture immatĂ©rielle, et enfin qu’il contextualise le propos de l’exposition. Exposer les travaux scientifiques qui ont Ă©tĂ© cachĂ©s Étant moi-mĂȘme sociologue et quelque peu linguiste, j’ai Ă©voquĂ© dans mon prĂ©cĂ©dent billet des travaux ethnologiques et linguistiques omis par l’exposition. Notamment ceux de Joseph Cuillandre, Daniel Giraudon et surtout Donatien Laurent, qui suggĂšrent une continuitĂ© culturelle entre les populations celtiques des temps anciens et celles d’aujourd’hui[16]. Depuis lors, parmi les nombreux tĂ©moignages qui m’ont Ă©tĂ© communiquĂ©s, il m’a Ă©tĂ© indiquĂ© que l’article un peu complexe de Donatien Laurent sur la TromĂ©nie de Locronan[17]avait fait l’objet d’une belle vulgarisation[18], publiĂ©e par un partenaire du MusĂ©e de Bretagne ce dernier peut donc en faire usage. Ce sont surtout, cependant, les grands noms de l’histoire et de l’archĂ©ologie des Celtes dont il m’a Ă©tĂ© signalĂ© qu’ils avaient Ă©tĂ© occultĂ©s par l’exposition. Notamment l’archĂ©ologue Venceslas Kruta, pour qui il n’y a pas rupture, mais Ă©volution » entre le monde celtique et la sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale[19]; les historiens Myles Dillon et Nora K. Chadwick, pour qui la culture celtique a en partie survĂ©cu » en Irlande, Écosse, Pays de Galles et Bretagne jusqu’à l’époque contemporaine[20]; et enfin l’archĂ©ologue Barry Cunliffe, qui vient de publier un ouvrage majeur sur la continuitĂ© de l’identitĂ© celtique en Bretagne de l’antiquitĂ© au XXe siĂšcle aux Presses de l’UniversitĂ© d’Oxford peut-ĂȘtre la plus prestigieuse maison d’édition universitaire du monde[21]. On pourra, certes, me rĂ©torquer que tout ne peut pas ĂȘtre montrĂ© dans une exposition. Mais entre tout montrer » et ne rien montrer du tout de ce qui a Ă©tĂ© exprimĂ© par les scientifiques dont les travaux contredisent l’idĂ©ologie de l’exposition, il y a une marge. En finir avec l'opposition factice entre culture matĂ©rielle et culture immatĂ©rielle Selon les ouvrages de Françoise Le Roux et Christian-J. Guyonvarc’h, les Celtes de l’antiquitĂ© — qui n’ont pas constituĂ© d’empire et ont refusĂ© de recourir Ă  l’écriture — Ă©taient surtout unis par leur culture immatĂ©rielle leurs langues, d’une part, et le druidisme, d’autre part[22]. Or, les langues celtiques subsistent encore aujourd’hui, tant bien que mal, en Bretagne et dans les Ăźles britanniques. Quant au druidisme, s’il a disparu depuis des siĂšcles, il a nĂ©anmoins laissĂ© quelques traces jusqu’à nos jours dans les reprĂ©sentations du monde, le folklore, l’art et certains rites religieux, qui ont fait l’objet d’études scientifiques sĂ©rieuses. Il est donc absurde d’opposer sommairement la rĂ©alitĂ© au mythe. Contextualiser Il est lĂ©gitime d’évoquer l’utilisation de la celtitude qui fut faite par des nationalistes bretons, y compris dans le cadre de la collaboration avec les nazis ; en revanche, il est illĂ©gitime de le faire hors de tout contexte. Or, c’est le nationalisme français qui, le premier, s’est drapĂ© dans la celtitude Ă  partir de la querelle des deux races »[23], puis l’a largement diffusĂ©e pendant des gĂ©nĂ©rations Ă  travers l’école rĂ©publicaine, en recourant Ă  des arguments issus du racisme scientifique ». Évoquer l’un sans l’autre, c’est tromper le public. On peut espĂ©rer que le rĂ©examen » de l’exposition ne se fera pas a minima et amĂšnera cette contextualisation. En attendant, cependant, que peut-on dire des rĂ©actions de la sociĂ©tĂ© civile » Ă  ces alertes ? La sociĂ©tĂ© civile L’association Bretagne culture diversitĂ© BCD J’ai saisi Ă  plusieurs reprises l’association parapublique BCD, créée Ă  l’initiative du Conseil rĂ©gional de Bretagne qui la finance, et chargĂ©e d’une mission d’éducation culturelle du public. Elle a refusĂ© jusqu’à prĂ©sent de se dĂ©solidariser de l’exposition dont elle est partenaire, et continue mĂȘme d’effectuer de la publicitĂ© pour elle sur internet. J’ai donc dĂ©missionnĂ© Ă  regret de cette association, alors que j’en fus le prĂ©sident fondateur, puis le prĂ©sident du conseil scientifique. Le comitĂ© scientifique Plusieurs membres du comitĂ© scientifique de l’exposition ainsi que du conseil scientifique permanent du MusĂ©e de Bretagne ont exprimĂ© — en privĂ© — leurs rĂ©ticences envers le contenu de cette exposition. En revanche, aucun n’a, jusqu’à prĂ©sent, pris la parole publiquement. Je le dĂ©plore mais nous sommes en plein Ă©tĂ© et chacun a besoin de vacances. J’espĂšre que les langues se dĂ©lieront d’ici la rentrĂ©e. Conclusion À l’école, en France, tout enfant apprend des rudiments de culture classique », c’est-Ă -dire latine et grecque un peu d’histoire, quelques bribes de rĂ©cits mythiques et mythologiques, et parfois un peu d’étymologie. La culture celtique, en revanche, est Ă  peu prĂšs totalement absente de l’enseignement français. On ne peut donc que se rĂ©jouir qu’une institution rĂ©gionale prenne l’initiative d’éclairer le grand public sur cette matiĂšre. Mais c’est Ă  double tranchant. Chaque adulte cultivĂ©, en effet, s’il Ă©tait amenĂ© Ă  visiter une exposition indĂ©licate concernant l’hĂ©ritage latin et grec de la culture française, serait en mesure de faire, de lui-mĂȘme, la part des choses. Or, il n’en va pas du tout de mĂȘme concernant la culture celtique tant elle est mĂ©connue. Une institution culturelle peut donc facilement, comme l’a fait le MusĂ©e de Bretagne en l’occurrence, tromper le public Ă  son insu car celui-ci ne dispose pas du bagage culturel suffisant sur le sujet pour dĂ©couvrir la supercherie. Si, en outre, les alertes n’étaient ni relayĂ©es par la presse ni prises au sĂ©rieux par les Ă©lus et les institutions ; et si les acteurs de la vie culturelle et scientifique qui ont pris conscience de la manipulation et s’en Ă©meuvent en privĂ© ne prenaient pas la parole en public, le risque existerait de glisser en Bretagne, comme ailleurs, dans une Ăšre de post-vĂ©ritĂ©[24] Trump a gagnĂ© la prĂ©sidentielle de 2020, Poutine ne fait pas la guerre en Ukraine et les Bretons ne sont pas celtes. Qu’on se rassure, cependant, les Gaulois restent les ancĂȘtres des Français ! Ronan Le Coadic Professeur Ă  l’universitĂ© Rennes 2 Membre du centre de recherche CELTIC-BLM [1] Page Web, Celtique ? », MusĂ©e de Bretagne, [ URL ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [2] On peut mĂȘme — si l’on fait preuve de rigueur scientifique et d’honnĂȘtetĂ© intellectuelle — se poser la question de l’existence des Celtes de mĂȘme que celle des Germains, des Latins ou des SĂ©mites
, comme le font certains sceptiques, mais tel n’était pas le propos de l’exposition. [3] Ronan Le Coadic, Manipulation idĂ©ologique au musĂ©e de Bretagne », Mediapart, 29 juin 2022. URL . ConsultĂ© le 11 juillet 2022. [4] Alan Stivell, MusĂ©e de Bretagne Ă  Rennes, exposition Celtique ? » Je retire mon parrainage », Facebook, 20 mai 2022. URL . ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [5] Le Coadic, op. cit. note 3. [6] Yann-Vadezour ar Rouz, La stigmatisation de l’identitĂ© bretonne via l’exposition “Celtique ?” », Justice pour nos langues, juillet 2022. URL . [7] Extrait traduit de l’anglais d’un mail privĂ© du 1er aoĂ»t, publiĂ© avec le consentement de l’auteur. [8] Quentin Ruaux, Quand Alan Stivell boude une exposition sur la Bretagne », Le TĂ©lĂ©gramme, Ă©dition Rennes, 24 mai 2022. URL [9] CĂ©line Serrano, PolĂ©mique. Tout est dans le point d’interrogation Alan Stivell retire son parrainage de l’exposition “Celtique ?” du MusĂ©e de Bretagne », France 3 Bretagne, 25 mai 2022. URL ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [10] Fabienne Richard, Alan Stivell retire son parrainage de l’exposition Celtique ? » qui se tient Ă  Rennes », Ouest-France, Ă©dition Bretagne, 24 mai 2022. [11] Mis Ă  part un article dans Le TĂ©lĂ©gramme du 21 juillet. URL ConsultĂ© le 10 aoĂ»t 2022. Un article a, par ailleurs Ă©tĂ© publiĂ© par Le Quotidien indĂ©pendant luxembourgeois AFP et Le Quotidien, La Bretagne, pas celtique ? PolĂ©mique autour d’une expo », Luxembourg, 3 aoĂ»t 2022. URL ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [12] La RĂ©gion Bretagne rĂ©solue Ă  se renseigner sur les pratiques du musĂ©e de Bretagne », Justice pour nos langues, aoĂ»t 2022. URL . ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [13] Yann-Vadezour ar Rouz, Le musĂ©e de Bretagne contraint de revoir le contenu de l’exposition “Celtique ?” », aoĂ»t 2022. URL . ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [14] Quant aux adjectifs un peu dĂ©placĂ©s », on se demande si le fait de mettre un autre adjectif Ă  la place de revanchard » modifierait beaucoup le sens de la formule le nationalisme revanchard qui va relever la France aprĂšs la guerre »  [15] MusĂ©e de Bretagne, Exposition “Celtique ?”, 2022. [16] Le Coadic, op. cit. note 3. [17] Donatien Laurent, Le juste milieu rĂ©flexion sur un rituel de circumambulation millĂ©naire la tromĂ©nie de Locronan », Documents d’ethnologie rĂ©gionale, vol. 11, 1990, p. 255-292. [18] Anne Gouerou, TromĂ©nie de Locronan, un chemin au rythme du temps celtique, Lorient Bretagne culture diversitĂ©, 2022. URL ConsultĂ© le 8 aoĂ»t 2022. [19] Venceslas Kruta, Les Celtes, 12e Ă©d., Paris Presses Universitaires de France, 2019 Que sais-je ?. [20] Myles Dillon et Nora K. Chadwick, Les royaumes celtiques, Paris Marabout, 1979, 315 p. [21] Barry Cunliffe, Bretons and Britons The Fight for Identity, New York Oxford University Press, 2021, 488 p. [22] Christian-J. Guyonvarc’h et Françoise Le Roux, La civilisation celtique, Paris Payot, 1995 ; Christian-J. Guyonvarc’h et Le Roux, Les druides, Rennes Ouest-France, 1986, 448 p. [23] LĂ©on Poliakov, Le mythe aryen essai sur les sources du racisme et des nationalismes, Paris Calmann-LĂ©vy, 2012. [24] La notion de post-vĂ©ritĂ© » Ă©voque la tendance de certaines autoritĂ©s Ă  faire passer l’idĂ©ologie ou l’émotion avant la rĂ©alitĂ© objective et le penchant du public Ă  leur faire confiance, ce qui finit par rendre la vĂ©ritĂ© secondaire. Si le terme est rĂ©cent cf. Keyes Ralph, The Post-truth Era Dishonesty And Deception In Contemporary Life, New York St Martins Pr, 2004, la rĂ©alitĂ© est ancienne et a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e par la psychologie sociale. Cette derniĂšre montre que, par une sorte de paresse cognitive », nous sommes tous enclins Ă  nous laisser influencer par les autoritĂ©s prĂ©sumĂ©es compĂ©tentes, nous laissant ainsi aller Ă  une forme de torpeur lĂ©gĂšre » Gibert Cylien, De la post-vĂ©ritĂ© Ă  la post-justification le cas du “rapport russe” sur Donald Trump », The Conversation, 7 fĂ©vrier 2017. Pour rĂ©veiller notre esprit critique, l’intervention contradictoire d’autres autoritĂ©s est particuliĂšrement bienvenue.
Lappel de l’OMS en faveur d’une alliance de censure Big Tech-OMS ciblant les informations erronĂ©es sur la variole du singe ressemble Ă©trangement Ă  l’alliance de censure qui s’est produite pendant la campagne COVID-19, lorsque l’OMS s’est associĂ©e Ă  YouTube, Facebook, Wikipedia et d’autres pour censurer ou Ă©tiqueter les informations erronĂ©es sur le
ReplayDocumentaireAu nom de la vĂ©ritĂ©Au nom de la vĂ©ritĂ© - Manipulations en entreprise 18/05/2022 Ă  07h18 ‱ 26min ‱ 3 vuesRĂ©sumĂ©Chacun d'entre nous s'est dĂ©jĂ  retrouvĂ© au moins une fois, au cƓur de la tourmente... "Au nom de la vĂ©ritĂ©" s'attache Ă  des hĂ©ros du quotidien en prise avec une dĂ©cision capitale. Chaque Ă©pisode est une tranche de vie dans laquelle chacun peut s'identifier ou projeter sa propre famille. Ces moments qui dĂ©rapent, ces accidents de la vie, ces histoires secrĂštes qui encombrent notre quotidien... C'est tout l'univers de votre nouvelle sĂ©rie. Replay TV par chaĂźne Replays les plus vus Replays au hasard
Aunom de la vĂ©ritĂ© . Saison Vague 4 - 2013 - Manipulations en entreprise . SĂ©rie. Produit par Serenity Fiction RĂ©alisĂ© par Henri De Labbey. Chaque Ă©pisode est une tranche de vie dans laquelle chacun peut s'identifier ou projeter sa propre famille. Ces moments qui dĂ©rapent, ces accidents de la vie, ces histoires secrĂštes qui encombrent notre quotidien C'est tout l'univers de votre Remplir une enveloppe, ça paraĂźt en vĂ©ritĂ©, il y a plein de rĂšgles Ă  respecter pour qu'elle arrive Ă  bon port !Bien Ă©crire l'adresse, mettre le timbre au bon endroit...Tous ces points sont trĂšs importants pour que le courrier soit bien pour ĂȘtre sĂ»r de ne pas se tromper, voici le guide facile pour remplir correctement une enveloppe. Regardez 1. Les informations sur l'expĂ©diteurLa rĂšgle de base quand on remplit une enveloppe est de toujours commencer par le nom du destinataire et de finir par la l'ordre, on Ă©crit - le nom, le prĂ©nom et la civilitĂ© du destinataire- le numĂ©ro et le nom de la rue- les informations complĂ©mentaires n° de l'appartement, le nom de la rĂ©sidence, le code postal. Il est trĂšs important de bien mettre les 5 chiffres du code postal... MĂȘme s'il commence par 0. Si vous ne mettez que 4 chiffres, votre lettre risque de se retrouver en Belgique ! Les codes postaux belges n'ont en effet que 4 le nom de la ville- la boĂźte postale et CEDEX si besoin- le pays quand on envoie son courrier Ă  l' on Ă©crit Ă  une entreprise, on commence par mettre en tout premier le nom de l'entreprise, puis le nom du Les rĂšgles de prĂ©sentationMaintenant qu'on sait ce qu'il faut Ă©crire, on va voir comment il faut l' pour faciliter le travail du facteur, il est prĂ©fĂ©rable de respecter certaines rĂšgles de prĂ©sentation. Elles sont valables pour toutes les lettres lettre simple, suivie...- L'adresse ne doit jamais dĂ©passer 6 lignes. Mais c'est en gĂ©nĂ©ral largement Il est prĂ©fĂ©rable d'Ă©crire les 3 derniĂšres lignes en majuscule. Cela permet aux machines de tri de dĂ©chiffrer facilement les Pour la mĂȘme raison, le texte de l'adresse doit ĂȘtre alignĂ©. C'est-Ă -dire que toutes les lignes sont bien les unes sous les autres. Et elles commencent sur une mĂȘme ligne Il ne faut pas mettre de ponctuation dans l'adresse inutile donc d'ajouter une virgule entre le numĂ©ro et la rue, de mettre un point Ă  la fin de la ligne... Ou de souligner le nom du Si vous utilisez une enveloppe prĂ©casĂ©e avec des guides, Ă©crivez l'adresse dans le cadre. Il en va de mĂȘme avec une enveloppe lettre Vous utilisez une grande enveloppe kraft marron ou brune format 4A, une enveloppe vierge toute blanche ou une enveloppe Ă  bulle ? Vous pouvez Ă©crire l'adresse au milieu, tout en respectant les autres Les informations sur l'expĂ©diteurIl est important de mettre l'adresse de l'expĂ©diteur sur l' vous demandez pourquoi ?Il arrive malheureusement qu'un courrier se perdre ou qu'il y ait un problĂšme de adresse, dĂ©mĂ©nagement, adresse illisible... Et la lettre ne peut pas ĂȘtre ce cas-lĂ , La Poste la retourne Ă  celui qui l'a condition d'avoir bien indiquĂ© l'adresse de l'expĂ©diteur !Il faut donc Ă©crire sa propre adresse au dos de l'enveloppe en haut, sur sa fermeture. Comme ça, on ne peut pas confondre l'adresse de l'expĂ©diteur et celle du Poste peut facilement vous renvoyer votre lettre en mettant la raison de sa est Ă©galement possible de mettre l'adresse de l'expĂ©diteur en haut Ă  gauche de l'enveloppe. Mais il faut vraiment que le texte soit Ă©crit en plus petit que l'adresse du destinataire. 4. OĂč mettre le timbre sur l'enveloppe ?Le timbre est la preuve que vous avez payĂ© l'envoi de votre de timbre, pas de lettre envoyĂ©e ! C'est aussi simple que pour cela qu'il est important de le coller au bon France, comme dans beaucoup d'autres pays, on colle le timbre en haut Ă  droite de l' ça, La Poste a la place pour mettre son tampon sur votre enveloppe indique Ă  quelle date et oĂč le courrier a Ă©tĂ© pris en Ă  bien coller le timbre pour qu'il ne se dĂ©tache pas pendant le transport et lors des diffĂ©rentes sĂ»r, si votre enveloppe est dĂ©jĂ  affranchie, ce n'est pas la peine de rajouter un autre le cas notamment des enveloppes dĂ©corer son enveloppe ?Une fois toutes ses Ă©tapes rĂ©alisĂ©es, on peut tout Ă  fait dĂ©corer son enveloppe pour la fait plaisir Ă  la personne qui la reçoit... Et cela fait Ă©ventuellement sourire le facteur qui la sĂ»r, cette pratique n'est recommandĂ©e que si vous connaissez bien la personne !Inutile de dĂ©corer une lettre envoyĂ©e Ă  une administration CPAM, CAF, impĂŽts... ou une entreprise, notamment pour une demande d'emploi !À votre tour...Vous avez testĂ© ce guide pour remplir une enveloppe ? Dites-nous en commentaire si ça a Ă©tĂ© efficace pour vous. On a hĂąte de vous lire ! Partagez cette astuce Vous aimez cette astuce ? Cliquez ici pour l'enregistrer sur Pinterest ou cliquez ici pour la partager avec vos amis sur Facebook. À dĂ©couvrir aussi L'Astuce Pour Envoyer une Lettre Sans une Astuce Pour Ouvrir une Enveloppe SANS l'AbĂźmer !
Mais cette dĂ©ontologie reste flottante voire inexistante (doc.2) : seul le respect de la vĂ©ritĂ© semble faire l'unanimitĂ© (tous les documents emploient le mot). - Pourtant ce rapport de la profession avec la vĂ©ritĂ© reste complexe (doc.1), car son maniement risque de menacer la vie privĂ©e (doc. 4 et 5). - Les intĂ©rĂȘts financiers viennent compliquer encore le problĂšme : la rivalitĂ©
Le 23 juin dernier, quelques Ă©lĂ©ments contenus dans le rapport du GIEC plus prĂ©cisĂ©ment dans le rĂ©sumĂ© pour les dĂ©cideurs - SPM , encore Ă  l'Ă©tat de brouillon, fuitaient dans la presse. Propos alarmistes qui annoncent un certain nombre de consĂ©quences Ă  venir en raison d'un rĂ©chauffement climatique, prĂ©vu par les projections de modĂšles numĂ©riques dont la crĂ©dibilitĂ© est encore et toujours trĂšs douteuse. C’est une fable que tu nous as racontĂ©e, dit avec mĂ©pris le berger peul. - Oui, rĂ©pliqua le chasseur de crocodiles, mais une fable que tout le monde rĂ©pĂšte ressemble fort Ă  la vĂ©ritĂ© ! » J. et J. Tharaud, La RandonnĂ©e de Samba Diouf, Fayard, 1927 Le GIEC est un machin intergouvernemental, non scientifique, qui a Ă©tĂ© créé sous l’égide du grand machin » onusien pour diffuser l’idĂ©ologie du rĂ©chauffement climatique anthropique Ă  cause de nos Ă©missions de gaz carbonique CO2 et qui, pour ce faire, instrumentalise la science. Les statuts du GIEC, avant toute Ă©tude scientifique, stipulent qu’il y a rĂ©chauffement et que la seule cause en sont nos Ă©missions de CO2, ce qui est une dĂ©marche antiscientifique. Donc, le GIEC va tout faire pour nous persuader que la science a parlĂ© ». Toute activitĂ© humaine dĂ©gage du CO2. Si l’on veut, pour de sombres motifs idĂ©ologiques, imposer une dĂ©croissance mortifĂšre avec de terribles consĂ©quences sociales et Ă©conomiques, alors le fait d'accuser le CO2 de tous les maux de la Terre, de le traiter de polluant ce qu’il n’est pas car il est nĂ©cessaire Ă  la photosynthĂšse, permet de justifier toutes les mesures liberticides et destructrices pour sauver la planĂšte ». Donc, nous subissons une folle hystĂ©rie climat-Ă©nergie qui ne repose que sur une hypothĂšse, plus idĂ©ologique que scientifique, gravĂ©e dans les statuts du GIEC, selon laquelle le CO2 aurait un effet mesurable sur la TMAG tempĂ©rature moyenne annuelle globale. Statuts du GIEC Dans ses statuts, rĂ©digĂ©s par l'UNEP United Nations Environment Program, il est demandĂ© au GIEC de travailler sur le rĂ©chauffement climatique anthropique » RCA Évaluer sans parti pris et de façon mĂ©thodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-Ă©conomique qui nous sont nĂ©cessaires pour mieux comprendre les fondements scientifiques des risques liĂ©s au changement climatique d’origine humaine, cerner plus prĂ©cisĂ©ment les consĂ©quences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratĂ©gies d’adaptation et d’attĂ©nuation. » Donc, avant mĂȘme que le GIEC n'ait commencĂ© ses travaux, on lui impose LA SOLUTION il y a rĂ©chauffement ET il est anthropique. Donc, mĂ©caniquement, les dirigeants du GIEC vont tout faire pour justifier cette solution, et ils n'ont pas hĂ©sitĂ© Ă  utiliser de la pseudo-science, comme, par exemple, le modĂšle d'effet de serre d'ArrhĂ©nius , qui avait Ă©tĂ© rĂ©futĂ© par les physiciens de son Ă©poque expĂ©rience de Wood, et que le GIEC a fort opportunĂ©ment sorti de son chapeau, ou encore d’inventer un nouveau processus physique, le forçage radiatif avec rĂ©troaction, qui a la propriĂ©tĂ© Ă©tonnante de violer la seconde loi de la thermodynamique. Une fois que le rapport scientifique est rĂ©digĂ© compilation de nombre de publications, en excluant souvent celles qui sont indĂ©sirables, le rĂ©sumĂ© pour les dĂ©cideurs SPM/Summary for Policy Makers est prĂ©parĂ© entre les dirigeants du GIEC et les reprĂ©sentants des gouvernements. Il est nĂ©gociĂ© mot par mot, Ă  la virgule prĂšs, selon les bonnes habitudes du grand machin » onusien. De ce fait, le SPM gomme toutes les nuances, toutes les interrogations, tous les aveux de mĂ©connaissance que l’on peut trouver dans le volumineux rapport scientifique. Il n’a donc aucune valeur scientifique. Puis il est publiĂ© et prĂ©sentĂ© en grande pompe aux États, aux institutions internationales et aux mĂ©dias du monde entier pour qu’ils relayent la bonne parole GIECquienne » aux peuples de toute la planĂšte. AprĂšs ce faste clinquant et fort onĂ©reux, les scientifiques sont priĂ©s de mettre le rapport scientifique en conformitĂ© avec le SPM, qui a force de loi divine, et leur rapport ainsi remis dans la ligne du parti est publiĂ© plusieurs mois aprĂšs le SPM. Jamais la science n’avait Ă©tĂ© ainsi dĂ©voyĂ©e sauf avec le lyssenkisme, cousin proche du dogme du RCA et jamais son Ă©thique la plus Ă©lĂ©mentaire n’avait Ă©tĂ© ainsi foulĂ©e aux pieds. exemplede la « manipulation » par esprit de systĂšme - et encore plus Tocqueville. 2 Sur ces techniques, cf. P. Lenain. La manipulation politique, 1985, dont nous suivons les classifications. 3 La commĂ©moration du bicentenaire , au nom des « droits de l'homme », a fait oublier les excĂšs de la Terreur - et le Directoire : une
Le 27 avril dernier, le gouvernement amĂ©ricain annonçait la crĂ©ation du DGB Disinformation Governance Board, un organe consultatif rattachĂ© au dĂ©partement de la SĂ©curitĂ© intĂ©rieure des États-Unis dont la fonction Ă©tait de lutter contre les campagnes de dĂ©sinformation menĂ©es depuis l’étranger ou sur le territoire national et qui menaceraient la sĂ©curitĂ© de l’État amĂ©ricain. Mise en pause aprĂšs moins d’un mois d’activitĂ©, cette nouvelle agence d’État illustre la tentation de la surveillance gĂ©nĂ©ralisĂ©e qui sĂ©duit de plus en plus les gouvernements occidentaux. Une tentative Ă©chouĂ©e mais quid des prochaines ? La gauche dĂ©mocrate amĂ©ricaine, traumatisĂ©e par la victoire de Donald Trump en 2016, a rapidement mis en place un discours mĂ©diatique virulent expliquant la dĂ©faite de la candidate dĂ©mocrate Hillary Clinton pressentie pour remporter le scrutin par une campagne secrĂšte de dĂ©stabilisation orchestrĂ©e par Vladimir Poutine. Si cette thĂ©orie du complot politiquement correcte et mainstream n’occupe plus les unes de la presse amĂ©ricaine, elle a annoncĂ© un nouveau chapitre dans la gouvernance menĂ©e par la gauche mondialisĂ©e. Au nom de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure, il devenait ainsi justifiĂ© et nĂ©cessaire, selon les promoteurs de cette vision du monde, de mettre en place des mĂ©canismes Ă©tatiques de surveillance des discours politiques, afin de prĂ©server la libertĂ© des citoyens. DĂšs son annonce, la DGB a rencontrĂ© une opposition quasi-unanime de la part des rĂ©publicains, mais Ă©galement d’une partie de la gauche libertaire minoritaire et des libertariens. Ceux-ci avaient correctement identifiĂ© que la crĂ©ation d’un organe Ă©tatique au fonctionnement opaque, rattachĂ© au dĂ©partement de la SĂ©curitĂ© intĂ©rieure créé Ă  la suite du 11 septembre 2001 Ă©tait une tentative caractĂ©risĂ©e de museler la libertĂ© d’expression sous prĂ©texte de protĂ©ger celle-ci. Le 18 mai dernier, le gouvernement a annoncĂ© que la DGB serait mise en pause, en mĂȘme temps que la dĂ©mission de sa directrice, Nina Jankowicz, militante anti-Trump radicale. Auparavant, il Ă©tait entendu que le rĂŽle de contrĂŽleurs de l’information revenait aux rĂ©seaux sociaux Twitter, Facebook, qui faisaient office de sous-traitants zĂ©lĂ©s de la discipline mĂ©diatique Ă  faire appliquer. Se sentant menacĂ©e par l’opposition, le gouvernement gĂ©rontocratique de Joe Biden a dĂ©cidĂ© de passer Ă  la vitesse supĂ©rieure en confiant cette tĂąche Ă  un dĂ©partement de l’État. Le centre-gauche, ou le crĂ©puscule des libertĂ©s publiques L’exemple amĂ©ricain n’est pas isolĂ©, et manifeste la tentation des gouvernements d’Occident de centre-gauche de procĂ©der Ă  des tentatives similaires. Lors du mouvement social canadien du Freedom Convoy convoi de la libertĂ© », le premier ministre Justin Trudeau avait annoncĂ© le recours Ă  la loi sur les mesures d’urgence pour entre autres geler les comptes bancaires des personnes ou des entreprises qui auraient participĂ© ou soutenu le convoi[1]. L’Allemagne, en 2017, avait instaurĂ© le Netzwerkdurchsetzungsgesetz, une loi forçant les rĂ©seaux sociaux Ă  retirer les contenus jugĂ©s haineux, sous peine d’une amende de 50 millions d’Euros. En France, le gouvernement Macron avait mis en place en 2018 la loi anti-fake news », permettant Ă  un juge d’ordonner la dĂ©publication d’un contenu jugĂ© dangereux pour la sincĂ©ritĂ© d’un scrutin Ă  venir. La loi permet Ă©galement au CSA de suspendre la diffusion des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision Ă©trangĂšres ou sous influence Ă©trangĂšre qui publierait de fausses informations en connaissance de cause[2]. Les motivations qui animent une telle loi sont tout Ă  fait transparentes garantir un monopole de l’information par les publications proches du pouvoir, qu’elles le soient par les liens de copinage ou par les subventions massives accordĂ©es rĂ©guliĂšrement Ă  la presse française publique ou privĂ©e. Il est bien entendu impensable que les campagnes de dĂ©nigrement, menĂ©es ou relayĂ©es par les grands mĂ©dias français, fassent quant Ă  elles l’objet d’une quelconque rĂ©pression. MalgrĂ© tous les discours lĂ©nifiants sur la dĂ©mocratie libĂ©rale ou la France comme patrie des droits de l’Homme », les sociĂ©tĂ©s de l’Occident font en direct l’expĂ©rience du glissement de leurs gouvernements vers une forme d’autoritarisme des bons sentiments, qui mĂȘle une surveillance infantilisante et liberticide avec une forme d’impuissance politique, exceptionnellement mobilisĂ©e pour rĂ©primer durement toute contestation radicale de l’ordre existant. La phase historique actuelle est celle de la calcification du mondialisme et de la dĂ©fense acharnĂ©e du statuquo par ses partisans. La sĂ©quence est la mĂȘme partout mise en place de lois restreignant la libertĂ© d’expression au nom de la lutte contre les discriminations loi Pleven de 1973, cadre lĂ©gislatif encadrant la publication de contenus sur les rĂ©seaux sociaux, mesures d’exclusions de mĂ©dias Ă©trangers RT France et mise en place d’organismes d’État veillant Ă  la non-diffusion de dĂ©sinformation. La seule surprise que les Français ont Ă  attendre de la part de Macron, c’est la forme que prendra la prochaine Ă©tape de cet itinĂ©raire. [1] [2] ClĂ©ment Martin Texte repris du site de Les Identitaires
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