Suggestions Du mĂȘme auteur Louis XI, le roi renard / Didier Le Fur Article SYRACUSE Le Fur, Didier 2009 On disait qu'il ne faisait pas seulement peur aux hommes mais aussi aux arbres ! La propagande des successeurs de Louis XI en fit un tyran sanguinaire Ă l'opposĂ© de Louis XII. Jusqu'Ă ce que la rĂ©publique le sorte du purgatoire. Le royaume de France en 1500 / Didier Le Fur Livre Le Fur, Didier. Auteur 2010 Une autre histoire de la Renaissance / Didier... Livre Le Fur, Didier. Auteur 2018 Au-delĂ d'une Renaissance fabriquĂ©e a posteriori pour lĂ©gitimer le passage Ă la modernitĂ©, l'auteur montre que cette pĂ©riode ne visait pas tant Ă inventer un monde nouveau qu'Ă rĂ©tablir une splendeur passĂ©e, un Ăąge d'or oĂč les hom... Louis XII un autre CĂ©sar / Didier Le Fur Livre Le Fur, Didier. Auteur 2001 RĂ©habilitation du monarque qui sut Ă©largir l'horizon capĂ©tien et qui eut pour contemporains Anne de Bretagne, Marie Tudor, Henri VIII, Isabelle la Catholique et les Borgia. Du mĂȘme sujet La Duchesse en sabots / Olivier Thomas Article SYRACUSE Thomas, Olivier 2010 Anne de Bretagne parlait-elle vraiment grec et breton ? La duchesse est l'objet d'une enquĂȘte serrĂ©e de Pierre-François Lebrun. Anne de Bretagne, deux fois reine / Catherine... Article SYRACUSE Loizeau, Catherine 2019 En 1489, Anne devient duchesse de Bretagne Ă l'Ăąge de 11 ans. Son duchĂ© est trĂšs convoitĂ© par le royaume de France et Anne sera obligĂ©e d'Ă©pouser deux rois ! Anne de Bretagne / Georges Minois Livre Minois, Georges 1946-..... Auteur 1999 Un portrait, loin de l'image de la bonne duchesse, qui met en Ă©vidence une femme souvent humiliĂ©e mais deux fois reines Ă©pouse de Charles VIII puis de Louis XII et qui put satisfaire son goĂ»t du pouvoir en administrant la Bretag... Anne de Bretagne et les femmes remarquables /... Article SYRACUSE Cornette, JoĂ«l 1949-.... 2008 ComposĂ© pour Anne de Bretagne au dĂ©but du XVIe siĂšcle, les "Vies des femmes cĂ©lĂšbres" est un vĂ©ritable trĂ©sor de l'enluminure. Et dĂ©voile une part de l'imaginaire fĂ©minin Ă l'aube de la Renaissance. Le coeur d'Anne de Bretagne [exposition, Ch... Livre 2014 Anne, pas si Bretonne / Bruno CalvĂšs Article SYRACUSE Calves, Bruno 2014 Il y a cinq cents ans mourait Anne de Bretagne. De multiples commĂ©morations rappellent la reine - aux dĂ©pens de la duchesse. Chargement des enrichissements...
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Cétait Anne de Bretagne C'était Anne de Bretagne, Duchesse en sabots Revenant de ses domaines En sabots mirlititontaine Ah! ah! ah! Vivent les sabots des bois. Revenant de ses domaines Duchesse en sabots Entourée de chùtelaines etc
Anne de Bretagne a trĂšs tĂŽt fait l'objet de reprĂ©sentations. Les propagandes royales de Charles VIII puis de Louis XII l'ont idĂ©alisĂ© en faisant le symbole de la reine parfaite, de lâUnion entre le royaume et le duchĂ©, de la paix revenue. LâAutriche de Maximilien Ă©vincĂ© du mariage, a portĂ© un autre regard sur ces Ă©vĂšnements. Au cours des siĂšcles, les historiens et lâimaginaire populaire ont forgĂ© une Anne de Bretagne fort diffĂ©rente, lui attribuant des caractĂ©ristiques physiques ou psychologiques ou des actes qui ne sont pas nĂ©cessairement vĂ©rifiables par des Ă©lĂ©ments historiques. Cet article relĂšve les principales d'entre elles. Le physique d'Anne de Bretagne Le visage d'Anne sculptĂ© par Michel Colombe sur l'allĂ©gorie de la Prudence, au coin du tombeau de François II. Son contemporain, le poĂšte Disarvoez Penguern, natif de Cornouaille ou des Cornouailles ?, dit sa grande vertu, prudence ». Du physique d'Anne de Bretagne nous sont parvenues quelques descriptions de chroniqueurs, d'assez nombreux portraits sur bois ou dans des manuscrits enluminĂ©s, son profil sur des mĂ©dailles, les statues des Justi sur le monument funĂ©raire de Saint-Denis et peut-ĂȘtre son visage sculptĂ© par Michel Colombe sur l'allĂ©gorie de la Prudence, au coin du tombeau de François II Ă Nantes[rĂ©f. nĂ©cessaire]. Ă l'Ă©poque, la beautĂ© physique Ă©tait encore peu estimĂ©e, et n'Ă©tait que le reflet de la beautĂ© morale. Portraits et statues prĂ©sentent une femme au visage rĂ©gulier et agrĂ©able, rĂ©pondant Ă des canons universels dans l'Europe des XVe et XVIe siĂšcles. Ceux-ci sont tous des travaux de commande, et comportent peu de signes distinctifs sous le rĂšgne de Charles VIII, toutes ses reprĂ©sentations sont sans personnalitĂ© elle nâest quâune reine aux cĂŽtĂ©s de son Ă©poux ; sous le rĂšgne de Louis XII, elle incarne la paix, lâunion entre la Bretagne et la France on lui donne les traits de la Vierge Marie. Anne de Bretagne est toutefois gĂ©nĂ©ralement reprĂ©sentĂ©e comme blonde. Les descriptions contemporaines et toutes les reprĂ©sentations qui en sont faites la parent des vĂȘtements dignes de son rang robes de brocart rehaussĂ©es de fourrure, colliers et bijoux, hennin. Zaccaria Contarini, ambassadeur de Venise, la dĂ©crit ainsi en 1492 La reine a 17 ans, elle est de petite taille, fluette, et elle boite visiblement d'une jambe, bien qu'elle porte des chaussures Ă haut talon pour cacher sa difformitĂ©. Elle a le teint foncĂ© et elle est assez jolie. Sa finesse d'esprit est remarquable pour son Ăąge et une fois qu'elle a dĂ©cidĂ© de faire quelque chose, elle s'efforce d'y parvenir par n'importe quel moyen et Ă n'importe quel prix. » Symbole de lâUnion entre la France et la Bretagne Lâimage quâAnne rĂ©pand dâelle, par ses commandes portraits, histoires, est celle dâune reine incarnant lâunion entre la France et la Bretagne. JusquâĂ ce que le rattachement de la Bretagne soit assurĂ©[1], elle est appelĂ©e Reine de Sure Alliance[2]. Elle se dĂ©voue, comme toutes les reines de France, pour son royaume. Elle apparaĂźt comme un symbole de paix et dâunion entre la Bretagne et la France, surtout aprĂšs son mariage avec Louis XII, ce qui lui vaut le surnom de "Dame Union" aprĂšs son troisiĂšme mariage[3]. Dans les arts, la France est alors reprĂ©sentĂ©e comme un jardin enchantĂ© tradition depuis le dĂ©but du XIVe siĂšcle, oĂč courent porcs-Ă©pics symbole de Louis XII et hermines symbole dâAnne de Bretagne[4]. On la dote des vertus convenant Ă la reine de France elle est libĂ©rale, pieuse et aimante, et contribue par ces trois qualitĂ©s au gouvernement gĂ©nĂ©rositĂ©, priĂšre et amour du roi, exemple vivant pour les sujets du royaume. Ces manifestations publiques dâattachement renforcent l'alliance entre les Bretons et les Français. LâĂ©pisode de la Marie la CordeliĂšre[5] 10 aoĂ»t 1512, lors de la guerre contre lâAngleterre, dĂ©montre un rapprochement mĂȘme si certains Bretons sont rĂ©ticents Ă se battre pour un monarque excommuniĂ© »[6]. C'est une flotte franco-bretonne unie qui combat la marine anglaise, la nef Marie la CordeliĂšre battant pavillon breton en tĂȘte. Anne de Bretagne commande trois histoires de Bretagne au cours de sa vie la premiĂšre commande est passĂ©e en 1498 Ă Pierre le Baud il en avait dĂ©jĂ Ă©crite une en 1480 pour Jean de Derval, et retrace lâhistoire de la province de Conan Meriadec Ă François II, et qui est Ă©ditĂ©e en 1505 ; la deuxiĂšme est commandĂ©e Ă Alain Bouchard, conseiller de François II et avocat au Parlement ; elle est achevĂ©e et Ă©ditĂ©e en 1514, puis rééditĂ©e en 1518, 1531, 1532 et 1541. Chaque Ă©dition comporte des ajouts sur les rĂšgnes des rois de France Ă partir de Charles VIII ; la troisiĂšme est commandĂ© en 1512 Ă Jean Lemaire de Belges, mais jamais Ă©ditĂ©e. Ăvolution de lâimage dâAnne de Bretagne Dans son essai sur les biographies de la reine, Anne de Bretagne, Didier Le Fur reprend l'image d'Anne que donnent certains Ă©crivains et historiens au cours des siĂšcles qui ont suivi sa mort et la compare aux sources dont il dispose. Il en conclut que l'histoire d'Anne de Bretagne s'est enrichie d'Ă©lĂ©ments hagiographiques ou dĂ©prĂ©ciateurs non relatĂ©s par les Ă©crits contemporains Ă la duchesse, difficiles Ă dĂ©montrer ou inventĂ©s. Les paragraphes ci-dessous rĂ©sument l'essentiel des arguments de son livre. LâAnne de Bretagne de Georges Minois brosse au contraire un portrait sans complaisance du personnage d'Anne par une lecture critique des sources. Anne, orpheline hĂ©roĂŻque » [7] et duchesse aimĂ©e des Bretons La réédition de lâHistoire de Bretagne de Bouchard de 1518 comprend un ajout sur son voyage en Bretagne de 1505 lors de la maladie du roi, et qui comprend un pĂšlerinage pour insister sur lâatmosphĂšre de fĂȘte lors du voyage, et lâamour rĂ©ciproque entre la reine et le duchĂ© ce qui est une figure obligĂ©e des comptes-rendus de voyages royaux[rĂ©f. nĂ©cessaire], lâaffection populaire Ă©tant la meilleure manifestation de la lĂ©gitimitĂ© des rois. Le gouvernement de la Bretagne par Louis XII nâest pas Ă©voquĂ© par Bouchard, qui affirme au contraire qu'Anne de Bretagne gouvernait seule le duchĂ©, et dĂ©fendait les privilĂšges de la Bretagne. Ces ajouts sont supprimĂ©s en 1531 lors de la nĂ©gociation du traitĂ© dâUnion et restituĂ©s en 1532 et 1541. Cette histoire est lĂ pour dĂ©fendre les privilĂšges de la noblesse bretonne[rĂ©f. nĂ©cessaire], et comme une incitation, un rappel au roi Ă les respecter[rĂ©f. nĂ©cessaire]. Quatre ans aprĂšs sa mort, Anne est prĂ©sentĂ©e comme une personne aimĂ©e de son peuple et bien qu'il n'y ait pas de trace de cela de son vivant, cette relation affective sera reprise en permanence au cours des siĂšcles suivants. En 1577, les Ătats de Bretagne sâopposent Ă la levĂ©e de nouveaux impĂŽts. Ils se basent pour cela sur le second contrat de mariage dâAnne passĂ© en 1499 avec Louis XII, et redĂ©couvert au milieu du XVIe siĂšcle. Les nobles bretons y lisent la volontĂ© que la Bretagne ait un duc, qu'elle conserve sa fiscalitĂ© et qu'elle soit administrĂ©e par les gens du pays[8]. Puis, afin d'asseoir ses revendications, la noblesse bretonne commande les Annales de Bretagne Ă Bertrand dâArgentrĂ©, juriste breton et petit-neveu de Le Baud. Ces Annales, Ă©ditĂ©es Ă Rennes en 1582 et Ă Paris en 1588, 1605, 1611, 1618 et 1668, font scandale dâArgentrĂ© est accusĂ© de soutenir les prĂ©tentions du duc de MercĆur au duchĂ© de Bretagne, sont partiellement censurĂ©es, et ouvrent un dĂ©bat sur la suzerainetĂ© du roi de France sur la Bretagne. Henri III commande une rĂ©futation Ă Nicolas Vignier qui meurt en 1596 ; son histoire nâest publiĂ©e quâen 1619. Se basant sur les quelques actes signĂ©s par Anne entre 1489 et 1491, et sur deux citations[9], il crĂ©e lâimage d'une jeune fille que Didier Le Fur appelle lâ"orpheline hĂ©roĂŻque" qui dirige lâĂtat breton de 1488 Ă 1491 de onze Ă quatorze ans ; et qui doit faire face Ă une campagne brutale de Charles VIII. Cette image est reprise et amplifiĂ©e par la suite. François de MĂ©zeray, historien royal, ajoute en 1646 quâelle mĂšne campagne seule, refuse quâon gouverne Ă sa place en 1489-91 et rejette le mariage quâon veut lui imposer, et reprend la thĂšse de sa volontĂ© de gouverner seule la Bretagne par la suite. Il le fait pour justifier la capacitĂ© dâune femme, Anne dâAutriche alors rĂ©gente de Louis XIV, Ă gouverner la France, peu avant la Fronde[rĂ©f. nĂ©cessaire]. Une seconde contestation de la levĂ©e de nouveaux impĂŽts royaux a lieu en Bretagne Ă la fin du XVIIe siĂšcle, avec la rĂ©volte du papier timbrĂ©. Cet Ă©pisode provoque un renouvellement des histoires de la Bretagne, et notamment une commande des Ătats de Bretagne aux bĂ©nĂ©dictins de Saint-Maur. CommencĂ©e par Dom Audren, qui meurt lors de la rĂ©daction, elle est achevĂ©e par Dom Lobineau, Elle reprend les thĂšses dâArgentrĂ©, et fait Ă©galement scandale, sans ĂȘtre censurĂ©e. Elle est rĂ©futĂ©e par lâabbĂ© Vertot[10]. Lobineau transforme les prĂ©cĂ©dentes considĂ©rations privĂ©es[rĂ©f. nĂ©cessaire] sur le refus dâĂ©pouser Alain dâAlbret en volontĂ© politique ; elle se sacrifie durant la guerre de 1489-1491 pour le bonheur de son peuple. Au dĂ©but du XVIIIe siĂšcle, lâimage dâAnne de Bretagne plus duchesse que reine devient celle dâune Anne plus attachĂ©e Ă son duchĂ© qu'au royaume de France, notamment avec lâHistoire de Bretagne de lâabbĂ© Desfontaines 1739, qui est souvent repris par la suite celui-ci affirme que le titre de duchesse lui Ă©tait plus cher que celui de reine ; il multiplie les voyages de la reine en Bretagne ; Anne de Bretagne est peinĂ©e du rattachement de la Bretagne Ă la France. Pour Le Fur, sa volontĂ© de gouverner seule devient une Ă©vidence[11]. Lâimage dâ"orpheline hĂ©roĂŻque"[7] se dĂ©veloppe par la suite elle mĂšne campagne seule avec son peuple contre le roi de France, des Ă©pisodes patriotiques nombreux sont inventĂ©s. Au XIXe siĂšcle, le caractĂšre de dĂ©fenderesse de la Bretagne sâaccentue dans un ouvrage, elle apparaĂźt Ă la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier[12], elle nâa dâamour que pour son pays natal[13], ses voyages sortent les Bretons de leur lĂ©thargie, suscitent fondations de couvents et constructions dâĂ©difices religieux[14]. Ses biographies du XIXe sont consacrĂ©es pour moitiĂ© Ă sa jeunesse jusquâĂ 1491, partie de sa vie sur laquelle existent trĂšs peu de sources. AprĂšs 1850, dans les histoires rĂ©gionalistes et quelquefois dans les histoires rĂ©publicaines, Anne de Bretagne nâest plus jamais prĂ©sentĂ©e comme française, Ă lâexception des cĂ©rĂ©monies officielles dans lesquelles elle est habillĂ©e de ses vĂȘtements de reine ; câest elle qui conserve lâautonomie de la Bretagne aprĂšs 1491. Cela en devient une Ă©vidence, mĂȘme pour les historiens français, comme Le Moyne de la Borderie[15]. Avec la crĂ©ation du mouvement sĂ©paratiste en 1911, Anne sacrifie sa vie pour que le nom et lâindĂ©pendance de la Bretagne soient prĂ©servĂ©s. Elle ne fait rien pour lâunion du duchĂ© Ă la France, France qui devient coupable du non-respect de ses engagements. En 1934, un historien peu connu, Bardin, la compare mĂȘme Ă Jeanne d'Arc[16]. Enfin, Didier Le Fur retrouve systĂ©matiquement les caractĂšres de l'autonomisme dans toutes les descriptions qui sont faites de la duchesse Anne dans les histoires de Bretagne d'aprĂšs 1945. Le mariage forcĂ© De cette image de duchesse bretonne, attachĂ©e Ă lâindĂ©pendance et au bonheur de son duchĂ©, dĂ©coule un autre mythe celui du mariage forcĂ©, un mariage consenti devenant incompatible avec une lutte contre le roi de France et la dĂ©fense de lâautonomie du duchĂ©. Lâhistoire du mariage forcĂ© repose sur un passage de Jean de Molinet, chroniqueur bourguignon attachĂ© Ă Marguerite d'Autriche, dĂ©laissĂ©e par Charles VIII au profit dâAnne de Bretagne, passage oĂč Anne avait plus dâaffection pour Maximilien dâAutriche que pour le roi de France. Il fait de ce dernier lâennemi mortel dâAnne. La seule raison du mariage est la raison dâĂtat. Cette thĂšse est corroborĂ©e par le chroniqueur royal Philippe de Commines[17]. Cette vision est reprise par Bernard dâArgentrĂ© les histoires de Bretagne, Ă sa suite, font de Maximilien un mari acceptĂ© car lointain donc prĂ©servant lâautonomie du duchĂ©, mais le condamnent car il ne dĂ©fend pas son Ă©pouse ; le mariage avec Charles VIII rĂ©pugne Ă Anne, pour des raisons religieuses son engagement avec Maximilien dâAutriche, thĂšme qui donne naissance Ă la lĂ©gende de sa piĂ©tĂ©, puis de sa bigoterie et politique elle se sacrifie. Ce sacrifice devient de plus en plus important dans les histoires du XIXe siĂšcle, et mĂȘme le mariage avec Maximilien en devient un. Le thĂšme du rapt, issu de la propagande autrichienne des annĂ©es 1491-1492, rĂ©apparaĂźt au milieu du XIXe siĂšcle, puis est repris abondamment par les sĂ©paratistes qui affirment tirer lâhistoire du rapt dâune tradition populaire[18], le rapt dĂ©lĂ©gitimant le rattachement de la Bretagne. Il est Ă©galement repris dans les annĂ©es 1940, les nationalistes bretons manifestant leur sympathie envers lâempire hitlĂ©rien et voyant dans lâunion de la Bretagne avec le Saint-Empire un signe prĂ©curseur[rĂ©f. nĂ©cessaire]. Mauvais caractĂšre et traĂźtre Ă la France Cette partie de lâimage posthume dâAnne est plus le fait des histoires royales, puis nationales. Sa rĂ©putation de mauvais caractĂšre vient dâun passage des MĂ©moires de Commynes, oĂč elle montre de la rancune Ă Louis dâOrlĂ©ans, dâhumeur joyeuse malgrĂ© la mort du fils quâelle avait eu de Charles VIII peu de temps auparavant. Cet aspect est ignorĂ© jusquâau XVIIe siĂšcle, puis repris et amplifiĂ© par BrantĂŽme. Avec une lecture partielle de quelques sources le procĂšs du MarĂ©chal de GiĂ©, elle devient cynique, calculatrice, dĂ©vorĂ©e dâambition ; ce procĂšs rĂ©vĂšle » son dĂ©sir de fuir en Bretagne. Ă partir du XVIIIe, elle domine Louis XII, amoureux ses conseils auraient provoquĂ© les dĂ©faites de 1512-13, elle aurait voulu voler le trĂ©sor royal Ă©pisode de GiĂ© lors de la fuite inventĂ©e[rĂ©f. nĂ©cessaire], est prĂȘte Ă sâallier aux ennemis de la France. Cette description culmine avec Michelet, qui fait de Louis XII un roi faible dominĂ© par sa femme ; Ă sa suite, les histoires de France la dotent de nombreux dĂ©fauts, mis en rapport avec sa prĂ©fĂ©rence pour son duchĂ© natal. RĂ©cemment,Gilles Martin-Chauffier la considĂšre comme une reine capricieuse, dĂ©pensiĂšre, aimant le luxe et se souciant bien peu de peuple[19]. Anne, duchesse en sabots », une image d'Ăpinal Pour Didier Le Fur, les rĂ©gionalistes bretons cherchent, dĂšs la fondation de lâAssociation bretonne, un personnage capable dâincarner leur idĂ©al de renouveau agraire et rĂ©gional[20], tout en manifestant leur attachement Ă la nation française[21]. Leur choix se porte sur Anne de Bretagne, qui est progressivement dotĂ©e, dans les histoires de Bretagne, du costume breton[22]. Comme le veut la biensĂ©ance au XVe siĂšcle, la duchesse porte une coiffe en permanence[23] cf. les reprĂ©sentations contemporaines de la duchesse. Pour Didier Le Fur, les rĂ©gionalistes se servent de cet accessoire vestimentaire pour rattacher Anne Ă leur race[24], dĂ©montrant la simplicitĂ© des goĂ»ts nationaux bretons[rĂ©f. nĂ©cessaire]. Ensuite, Didier Le Fur rapporte que les rĂ©gionalistes font porter Ă Anne des vĂȘtements simples et sombres sauf lors des occasions officielles, oĂč elle porte des habits somptueux tels quâon les voit sur lâiconographie officielle. Mais la coiffe est adoptĂ©e par les bourgeoises fin XIXe, ce qui ĂŽte du caractĂšre paysan dâAnne de Bretagne. Les sabots d'Anne de Bretagne Le Voleur, 1885 Les sabots d'Anne de Bretagne Le Voleur, 1885 Fin XIXe siĂšcle se rĂ©pand l'expression Anne de Bretagne, duchesse en sabots » qui s'appuie sur la comptine Les Sabots dâAnne de Bretagne. Le Fur dĂ©crit cette chanson comme un pastiche dâEn passant par la Lorraine. Cette chanson apparaĂźt en 1880, grĂące Ă Adolphe Orain qui dit l'avoir recueillie en Ille-et-Vilaine et a rajoutĂ© un couplet. La chanson est popularisĂ©e d'abord dans la presse enfantine[25];[26]. Elle est ensuite adoptĂ©e par les participants aux banquets celtiques de Paris qui la chantent dĂšs 1884 Ă la fin des repas, ce qui la porte au rang de Marseillaise des Bretons [rĂ©f. nĂ©cessaire]. Historiquement cette image de duchesse en sabots n'a jamais Ă©tĂ© justifiĂ©e. Elle n'a jamais non plus Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e comme une vĂ©ritĂ© historique. Elle est remise en cause par les historiens Ă partir de 1976[27]. L'expression, bien connue en France au dĂ©but du XXe siĂšcle, est encore Ă©tĂ© utilisĂ©e de nos jours dans certains livres d'histoire[28],[29],[30] ainsi que dans la littĂ©rature enfantine[31] et sur des dĂ©pliants touristiques. Notes et rĂ©fĂ©rences â Avec la signature des traitĂ©s d'Ătaples avec lâAngleterre novembre 1492 et de Barcelone avec lâEspagne janvier 1493 â Didier Le Fur, p 26 â Didier Le Fur, Anne de Bretagne, Ă©ditions GuĂ©nĂ©gaud, 2000. p 27 â Didier Le Fur, p 29 â Didier Le Fur, p 34-35 â Henry Poisson et Jean Pierre le Mat, p 241 â a et b Expression de Didier Le Fur â Didier Le Fur, C'Ă©tait Anne de Bretagne, duchesse en sabots... », L'Histoire, no 254,â mai 2001, p. 64 â dans la GĂ©nĂ©alogie de Disarvoez Penguern, publiĂ©e quand Anne est reconnue comme duchesse, et de maniĂšre Ă justifier son choix comme reine, on trouve aprĂšs la mort de François II Ces Sesdeux filles faisaient grande douleur Dame Anne Ă©toit la successeresse Et commença Ă penser en son cĆur De ses affaires comme vraie duchesse Tout le monde parloit de sa sagesse Nul ne pouvoit, Ă droit, apercevoir Sa grande vertu, prudence, noblesse Câest un abysme que de le concevoir. » et dans une histoire de Louis XII, de Jean de Saint-Gelais parue en 1511, on trouve, aprĂšs la prise de Nantes, et lors de la rencontre de Rieux et dâAlbret oĂč estoit pour l'heure la duchesse en croupe derriĂšre Monseigneur Dunois, ores son chancelier » . â TraitĂ© historique de la mouvance de Bretagne, publiĂ© en 1710 et Histoire critique de lâĂ©tablissement des Bretons en Gaule, publiĂ© en 1720 â Didier Le Fur, p 161 â Didier Le Fur, p 169 â Jamin La Bretagne, 1844 â de Courson Histoire du peuple de Bretagne, 1846 â Collectif, Anne de Bretagne. Une histoire, un mythe, Somogy, 2007, p. 45 â Bardin. Lâautonomisme breton. 1815-1930. Poitiers, 1934. Il la juge supĂ©rieure grĂące, outre ses qualitĂ©s dâhonneur et de bontĂ©, Ă la tĂ©nacitĂ© raisonnableme de son caractĂšre breton », et Ă la volontĂ© de toute la race celtique dont elle Ă©tait lâinterprĂšte ». â le Roi [Charles VIII] renonça Ă la fille du roi des Romains, la sĆur de l'archiduc [d'Autriche] qui Ă©tait bien jeune [13 ans, Anne de Bretagne en avait 14...] et il prit pour femme la fille du duc François de Bretagne, pour tenir en paix le duchĂ© de Bretagne que, au moment du traitĂ©, il possĂ©dait presque en entier, sauf la ville de Rennes [qui rĂ©sistait et qu'il assiĂ©geait] et la fille du duc qui Ă©tait lĂ [dans Rennes]⊠» Philippe de Commines â TrĂ©vaz. Histoire de Bretagne et des Celtes. 1910 â Gilles Martin-Chauffier, Le Roman de la Bretagne, Ă©ditions du Rocher, 2008. â Le Fur, p 188 â Didier Le Fur. p 188 â Didier Le Fur. p 187 et suivantes â Toutes les reprĂ©sentations contemporaines d'Anne la montrent portant une coiffe, Ă l'Ă©poque partie habituelle du vĂȘtement des femmes de toutes conditions dans toute l'Europe. Cette coiffe ne ressemble pas aux coiffes bretonnes de la fin du XIXe siĂšcle. â Didier Le Fur, p 162, 197-199 â Elle paraĂźt pour la premiĂšre fois en 1881 dans une revue enfantine, La PoupĂ©e ModĂšle, citĂ©e par Didier Le Fur â Le Voleur, numĂ©ro 1435, 1 janvier 1885, p. 8-9 â HervĂ© Le Boterf, Anne de Bretagne, 1976 il trouve cette image pitoyable â Didier Le Fur Cette image, sans ĂȘtre expliquĂ©e, sert de titre aux chapitres des monographies quand on Ă©voque son rĂšgne breton, p 198 â JoĂ«l Cornette. Histoire de la Bretagne et des Bretons, tome 1. Paris Seuil, 2005. p 408 et prĂ©cĂ©dentes â Philippe Tourault. Anne de Bretagne. Paris Perrin, 1990. RééditĂ© en 2004, 2006. Chapitre 3 Quand une duchesse en sabots devient reine de France. â Anne-Sophie Silvestre. Duchesse en sabots. Paris PĂšre Castor Flammarion, 2005 Voir aussi Article connexe Histoire des reprĂ©sentations
Unsabot est Ă l'origine une chaussure rĂ©alisĂ©e en creusant un morceau de bois pour que le pied puisse s'y glisser. Il est fait d'un seul tenant. La discipline sâappelle le sabotage, et le mĂ©tier, le sabotier.. Dans ses conceptions modernes, bien des matĂ©riaux remplacent en partie ou en totalitĂ© le bois, avec une grande variĂ©tĂ© de sabots, des plus luxueux aux plus simples, des plus
1Ce livre sâimpose au lecteur par sa rĂ©ussite matĂ©rielle, Ă commencer par sa jaquette rigide Ă dominante orangĂ©e reprĂ©sentant Anne de Bretagne. Certes, le choix de reprĂ©senter la derniĂšre duchesse de Bretagne deux fois reine de France nâest pas pour surprendre, tant elle domine de sa stature le corpus des duchesses de Bretagne entre le xe et le dĂ©but du xvie siĂšcle. Mais lĂ oĂč on se serait attendu Ă une superbe miniature tirĂ©e par exemple des Grandes Heures dâAnne de Bretagne rĂ©alisĂ©e par Jean Bourdichon, câest son portrait stylisĂ© sur une affiche touristique de 1930 qui fait office de couverture. Cette image iconique est un rĂ©vĂ©lateur du projet de Laurence Moal au-delĂ de la connaissance du contour historique de ces duchesses, qui nâavait encore jamais fait lâobjet dâune synthĂšse sĂ©rieuse, la dĂ©marche la plus novatrice du livre consiste Ă rĂ©vĂ©ler leurs reprĂ©sentations et leur instrumentalisation depuis le Moyen Ăge, Ă lâorigine dâune vĂ©ritable mythologie rĂ©gionale. 2AprĂšs sa thĂšse importante sur LâĂtranger en Bretagne aux xive et xve siĂšcles en 2008, lâauteure sâest exercĂ©e avec brio Ă cet exercice de style alliant synthĂšse historique et dĂ©construction de mythes historiographiques, dĂ©jĂ sous la forme de livres richement illustrĂ©s parus aux PUR avec Auray, 1364. Un combat pour la Bretagne, en 2012, ce fut dâabord lâĂ©tude de la bataille la plus dĂ©cisive de la guerre de Cent Ans pour la Bretagne, suivie en 2015 par son Du Guesclin, images et histoire. Lâauteure rĂ©ussit ici Ă nouveau un excellent compromis par son style fluide et rigoureux et la prĂ©sence de trĂšs nombreuses illustrations, lâouvrage sâadresse aussi bien Ă un lectorat fĂ©ru dâhistoire de la rĂ©gion quâaux historiens de la Bretagne mĂ©diĂ©vale ou de lâhistoire des femmes et du pouvoir. 3La question centrale au cĆur de lâouvrage est en effet celle de la nature du pouvoir exercĂ© par des femmes proches de la souverainetĂ©. Bien quâelles aient accĂšs aux responsabilitĂ©s en des circonstances exceptionnelles, lors de courtes pĂ©riodes dâinterrĂšgne, ces duchesses sont par essence un moyen de transmission du pouvoir et de continuitĂ© dynastique par la maternitĂ©, tandis que leur rĂŽle au quotidien consiste en la reprĂ©sentation du pouvoir princier. DĂšs lors, se pose la question de lâamplitude de leur autonomie dans et autour du pouvoir, de leur latitude Ă mener une existence quotidienne au-delĂ des normes imposĂ©es par les exigences du milieu curial, en particulier par lâaccession Ă une indĂ©pendance financiĂšre et le choix dâune vie culturelle et spirituelle autonome. Autrement dit, lâenjeu central du livre est bien de mesurer la capacitĂ© dâagir agency de ces actrices de lâhistoire de la Bretagne mĂ©diĂ©vale. 4Pour ce faire, L. Moal sâest appuyĂ©e sur une grande variĂ©tĂ© de documents disponibles, plus nombreux pour les deux derniers siĂšcles, avec une large part accordĂ©e aux sources iconographiques. On apprĂ©ciera particuliĂšrement la qualitĂ© et la prĂ©cision des lĂ©gendes et notices accompagnant ces nombreuses images, dâautant que L. Moal a le plus souvent la volontĂ© de montrer les ressorts de la construction de beaucoup dâentre elles. Mais on aurait pu espĂ©rer la mention des rĂ©fĂ©rences des figures au fil du texte, pour permettre une lecture articulĂ©e entre iconographie et rĂ©cit textuel. Lâorganisation du propos se fait en trois parties. La premiĂšre, Les duchesses dans la sphĂšre publique. Des actrices politiques Ă part entiĂšre » p. 18-83, 63 figures, prĂ©sente les portraits des duchesses sur cinq siĂšcles, mais aussi les parcours de vie selon les Ăąges, fortement marquĂ©s par lâenjeu du mariage. Puis, nous suivons ces duchesses De lâespace privĂ© Ă lâespace public » p. 84-165, 73 figures, en passant de leur intimitĂ© Ă leur exposition Ă la cour. Enfin, la troisiĂšme partie, Des duchesses hĂ©roĂŻques, entre imaginaire et folklore » p. 166-213, 63 figures, est consacrĂ©e Ă la postĂ©ritĂ© de quelques-unes dâentre elles. Le Petit prĂ©cis illustrĂ© du temps des duchesses » p. 223-286, constituĂ© dâune cinquantaine dâencarts accompagnĂ©s le plus souvent dâimages, est Ă la fois un lexique de termes techniques et biographiques bien utiles pour des lecteurs non-spĂ©cialistes, mais aussi un approfondissement de certains points de lâanalyse. Lâouvrage sâachĂšve par un riche appareil critique p. 291-325, composĂ© dâune liste biographique des duchesses, de tableaux gĂ©nĂ©alogiques, de repĂšres chronologiques, des sources et de la bibliographie, de deux index lieux et personnes et des tables des illustrations et des matiĂšres. 5La premiĂšre partie dĂ©bute par une typologie, qui va de lâĂ©pouse et mĂšre Ă la duchesse rĂ©gnante. La duchesse modĂšle est celle qui donne naissance Ă plusieurs enfants, de prĂ©fĂ©rence des hĂ©ritiers mĂąles il faut Ă tout prix la remplacer en cas de dĂ©cĂšs, pour un remariage que lâon espĂšre fertile. Ă lâinverse, en cas de mort ou dâabsence du duc, ou pendant la minoritĂ© du fils hĂ©ritier, elle exerce temporairement lâautoritĂ©. Parfois, unique hĂ©ritiĂšre, la duchesse peut transmettre le pouvoir au conjoint ou Ă ses enfants, en accord avec la coutume de Bretagne câest le cas pour six duchesses du xie au xive siĂšcle, avant que les Montfort ne rĂ©affirment la prĂ©fĂ©rence masculine au milieu du xve siĂšcle. Les enjeux autour de leur mariage Ă©tant Ă©normes, ce nâest sĂ»rement pas dans le cadre de cette institution que lâautonomie fĂ©minine peut sâaffirmer. La duchesse Ă©tant au service de la continuitĂ© de lâĂtat, bien la marier, câest perpĂ©tuer la dynastie. En termes diplomatiques, il faut rechercher des Ă©pouses ducales hors de Bretagne, selon une logique dâĂ©largissement croissant des alliances Ă lâĂ©chelle de lâEurope de lâOuest au cours des siĂšcles. Ces projets matrimoniaux permettent de ramener la paix ou de protĂ©ger le duchĂ© des convoitises, quitte Ă ĂȘtre ensuite annulĂ©s en cas dâopportunitĂ© jugĂ©e plus bĂ©nĂ©fique. Ces alliances matrimoniales sont aussi une bonne opĂ©ration financiĂšre tout contrat de mariage est Ăąprement nĂ©gociĂ© et nĂ©cessite souvent de nombreux Ă©changes dâambassadeurs. Lâune des facettes publiques du mĂ©tier de duchesse consiste Ă administrer leur seigneurie et Ă gĂ©rer leur patrimoine. Si la question de lâinfluence de la duchesse sur son Ă©poux dans lâexercice de ses fonctions semble insoluble au mĂȘme titre que pour les maĂźtresses, ce personnage joue parfois un rĂŽle de mĂ©diation en intervenant dans les nĂ©gociations et la signature des traitĂ©s câest ainsi que Jeanne de Montfort et Jeanne de PenthiĂšvre en viennent Ă revendiquer les droits du duchĂ© de leur Ă©poux lors de la guerre de Succession au milieu du xive siĂšcle. 6Il y a lieu de se demander si la distinction entre espace privĂ© et espace public, au cĆur de la deuxiĂšme partie, sâavĂšre fondĂ©e pour une duchesse. La cour, quâelle soit itinĂ©rante ou Ă demeure Ă Nantes, est un lieu de reprĂ©sentation continue pour la duchesse elle doit se plier Ă un cĂ©rĂ©monial solennel et codifiĂ©, tout particuliĂšrement lors des rĂ©ceptions et des fĂȘtes princiĂšres. En permanence, elle y est entourĂ©e de nombreux proches, dâofficiers et de ses serviteurs aux effectifs croissants au fil des siĂšcles. MĂȘme les Ă©vĂ©nements a priori les plus intimes respectent un protocole public, aussi bien la consommation du mariage vers 15 ans que les accouchements, un rituel dâautant plus frĂ©quent que la mortalitĂ© des enfants en bas Ăąge est Ă©levĂ©e. Quant aux relations avec leur progĂ©niture, elles restent brĂšves et sommaires en raison de leur mise en nourrice prĂ©coce, puis de lâenvoi de certaines filles dans des Ă©tablissements monastiques. Le mari princier est lui aussi trĂšs souvent absent, a fortiori quand il dĂ©veloppe une relation adultĂ©rine⊠alors que la surveillance de la fidĂ©litĂ© de la princesse est cruciale pour assurer la continuitĂ© dynastique. 7Dans ces conditions, les espaces dâautonomie pour une duchesse se font rares. Elle dispose dâun hĂŽtel spĂ©cifique, condition dâune certaine indĂ©pendance Ă©conomique, permettant ainsi de financer son train de vie luxueux et tenir son rang symbolique, en somme de rĂ©pondre Ă ses obligations de reprĂ©sentation. Câest peut-ĂȘtre finalement dans la dĂ©votion et le mĂ©cĂ©nat, difficilement sĂ©parables, quâelle dispose dâune vĂ©ritable capacitĂ© dâaction. Lâauteure aurait pu y consacrer plus de dĂ©veloppements en se fondant notamment sur les travaux de Cynthia J. Brown. Leur bibliothĂšque, constituĂ©e de manuscrits de plus en plus richement dĂ©corĂ©s, est souvent plus fournie que celle de leur Ă©poux comme lâa montrĂ© Diane Booton dans un ouvrage non recensĂ© de 2010. Leur autonomie spirituelle dĂ©borde les marges de ces livres, le plus souvent de priĂšres ; les princesses sâĂ©mancipent de la chapelle curiale et des confesseurs attitrĂ©s pour aller investir et sâinvestir dans des Ă©tablissements monastiques bĂ©nĂ©dictins puis cisterciens, quâelles rejoignent parfois Ă la fin de leur vie, avant de soutenir de plus en plus les ordres mendiants. Pour dix des vingt-huit duchesses rĂ©pertoriĂ©es entre le xie et le xve siĂšcle, le veuvage est peut-ĂȘtre le temps dâune plus grande indĂ©pendance, grĂące Ă lâusufruit de leur douaire un thĂšme sur lequel deux rĂ©fĂ©rences manquent, la thĂšse de droit de Nicolas Kermabon, Le douaire des duchesses de Bretagne xiiie-xve siĂšcles, soutenue en 2007 et lâarticle de Claire Leriche-Corvisier de 2013 dans le Bulletin de la SociĂ©tĂ© ArchĂ©ologique et Historique de Nantes et de Loire-Atlantique, une indĂ©pendance parfois chĂšrement prĂ©servĂ©e, comme le prouve la rĂ©sistance dâIsabeau dâĂcosse Ă un projet de remariage. 8Enfin, la troisiĂšme partie, sans aucun doute la plus innovante, sâattache Ă dĂ©construire des reprĂ©sentations lĂ©gendaires, voire mythologiques, de quelques-unes de ces figures. Deux duchesses sont ainsi prĂ©sentĂ©es comme des hĂ©roĂŻnes de guerre dans le cadre du conflit de Succession de Bretagne au milieu du xive siĂšcle. Or, cette lĂ©gendaire guerre des deux Jeanne » doit beaucoup aux Ă©crits des chroniqueurs mĂ©diĂ©vaux, en particulier Froissart et Jean Le Bel, mais leurs portraits nâont pas la mĂȘme couleur, puisque Jeanne de Flandre, Ă©pouse de Jean de Montfort, est cĂ©lĂ©brĂ©e pour ses exploits lors du siĂšge dâHennebont en 1342, tandis que Jeanne de PenthiĂšvre fait lâobjet dâune lĂ©gende noire en relation avec la dĂ©faite et la mort de son Ă©poux Charles de Blois Ă la bataille dâAuray en 1365. Deux autres figures ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme de saintes duchesses ». Dans le cas dâErmengarde au xiie siĂšcle, le rĂŽle dâAlbert le Grand au xviie siĂšcle a Ă©tĂ© essentiel mais insuffisant pour la promotion de son culte. En revanche, pour Françoise dâAmboise, les efforts conjuguĂ©s des hagiographes de la RĂ©forme catholique, puis de lâĂglise de Nantes au xixe siĂšcle, ont permis la bĂ©atification de la pieuse duchesse du xve siĂšcle, au risque dâune dĂ©formation du personnage historique. Le rĂŽle fondateur du xixe siĂšcle pour lâinvention dâune tradition fonctionne aussi pour les deux duchesses guerriĂšres prĂ©cĂ©demment citĂ©es, mais surtout pour la figure mythique et folklorique de la duchesse Anne. Elle est initiĂ©e par les celtomanes qui la prĂ©sentent comme une Bretonne proche du peuple la duchesse aux sabots », avant dâĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©e par la propagande rĂ©publicaine comme lâincarnation dâune Bretagne soumise de bonne grĂące aux intĂ©rĂȘts français, puis de nourrir lâinspiration de lâiconographie touristique et publicitaire, pour le plus grand profit de la marque Bretagne ». 9En somme, ces cinq duchesses ont fait lâobjet dâune construction historiographique dont on retrouve quelques bribes chez les auteurs mĂ©diĂ©vaux, mais qui sâest cristallisĂ©e dans les siĂšcles postĂ©rieurs, tout particuliĂšrement au xixe siĂšcle. Ce siĂšcle est en effet marquĂ© par une Ă©criture romantique de lâhistoire, propice Ă lâĂ©mergence de figures exceptionnelles Ă la personnalitĂ© prĂ©sentĂ©e comme hors du commun ; puis, la puissance retrouvĂ©e de lâĂglise catholique a permis la sanctification de personnages ; enfin, en Bretagne tout particuliĂšrement, la production historiographique est redynamisĂ©e par une approche rĂ©gionaliste voire nationaliste, incarnĂ©e par Arthur de La Borderie, qui doit mettre en avant des hĂ©ros et hĂ©roĂŻnes bretons pour contrebalancer ceux et celles de la France rĂ©publicaine. Le portrait lĂ©gendaire de ces cinq personnalitĂ©s dĂ©tonne donc fortement dans lâalbum des duchesses ordinaires de Bretagne. Nous pouvons avancer lâhypothĂšse quâelles sont en rupture avec le modĂšle de la duchesse. Elles sâinscrivent en effet dans un rĂ©gime de genre hyperbolique ou dĂ©calĂ© ici, elles sont plus guerriĂšres que ne le voudrait la norme et en cela en viennent Ă sâapparenter au genre masculin Ă lâinstar de Jeanne dâArc ; lĂ , elles incarnent un idĂ©al de dĂ©votion qui les rapproche dâun modĂšle de saintetĂ© qui transgresse les bornes de leur fonction de duchesse. Quant Ă lâinclassable Anne, duchesse de Bretagne et reine de France, lâimbrication entre son destin matrimonial et la disparition de la principautĂ© indĂ©pendante lui confĂšre une incomparable aura, entretenue par son utilisation publicitaire et la prolifĂ©ration rĂ©cente de biographies. 10Ainsi, la richesse de cet ouvrage transcende son sujet pour soulever des questions historiographiques et mĂ©thodologiques importantes. NĂ©anmoins, un goĂ»t dâinachevĂ© se fait sentir sur lâapproche critique de lâhistoriographie bretonne des duchesses. Au-delĂ des cinq figures atypiques retenues, un dĂ©veloppement global sur lâensemble des duchesses aurait permis de connaĂźtre les reprĂ©sentations dominantes sur la longue durĂ©e, Ă commencer par les chroniqueurs bretons du temps des Montfort, de lâAnonyme de Saint-Brieuc Ă Alain Bouchart. En effet, ces auteurs ne prĂ©sentaient guĂšre ces princesses comme des figures exceptionnelles, ni mĂȘme comme des femmes de pouvoir ; bien au contraire, ils prĂ©fĂ©raient se centrer sur les faiblesses du genre fĂ©minin, voire sur les vices des femmes proches du pouvoir, en dĂ©nonçant plus particuliĂšrement leur propension Ă une irrĂ©pressible colĂšre ou leur nature luxurieuse, autant de pĂ©chĂ©s incompatibles avec les exigences du mĂ©tier de souveraine. 11De mĂȘme, il aurait Ă©tĂ© utile de dĂ©celer les partis pris idĂ©ologiques de grands historiens bretons comment ces femmes de pouvoir ont-elles Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es dans le rĂ©cit historique catholique, nationaliste ou positiviste au xixe et encore au xxe siĂšcle ? Ainsi, pour en rester au seul Arthur de La Borderie, on perçoit quâil a eu tendance Ă masculiniser les duchesses hĂ©ritant du pouvoir, comme le dĂ©montrent quelques citations de son Histoire de Bretagne intĂ©grĂ©es dans lâouvrage de L. Moal ainsi, au dĂ©but du xie siĂšcle, la duchesse Havoise gouverne-t-elle avec une grande prudence et une virile sagesse » p. 77, tandis que lâhistorien vante chez Jeanne de Flandre ce fier langage et cette virile attitude [qui] excitent dans le parti des Montfort un vif enthousiasme » p. 173. MĂȘme si lâAuteure qualifie La Borderie de machiste impĂ©nitent », elle se laisse pourtant aller Ă quelques facilitĂ©s historiennes, en rĂ©percutant parfois sans recul ses opinions. Ainsi, la comtesse de Kent est la plus belle femme du royaume » p. 55 ou, au sujet du mariage de la toute jeune Anne de Bretagne avec lâempereur Maximilien p. 61, cette union flattait son imagination dâenfant ; devenir reine et un jour impĂ©ratrice câĂ©tait un beau rĂȘve⊠» et aux p. 24, 25, 75, 88. Alors que lâanglophobie de La Borderie est bien mise en Ă©vidence p. 262-263, la dĂ©construction des reprĂ©sentations sur les duchesses ne conduit pas jusquâĂ son terme une analyse critique en termes de genre. 12En dĂ©pit de ces quelques rĂ©serves, qui sont peu de chose eu Ă©gard Ă lâampleur et Ă la qualitĂ© du travail, cette synthĂšse marque Ă nâen pas douter une Ă©tape fondamentale dans lâhistoire du genre en Bretagne, en y intĂ©grant dĂ©sormais des femmes de pouvoir de la pĂ©riode mĂ©diĂ©vale. Les recherches sur les femmes et le genre en Bretagne sont cependant loin dâĂȘtre Ă©puisĂ©es, comme le dĂ©montrent les deux thĂšses en cours sur les femmes de pouvoir signalĂ©es par L. Moal p. 17, note 13 ; les Ă©tudes de genre devront dĂ©sormais intĂ©grer pleinement les femmes qui ont vĂ©cu loin des demeures aristocratiques et de la cour ducale, quâelles soient paysannes ou bourgeoises, religieuses ou marginales, jeunes ou vetulae, afin de mieux cerner lâhistoire de toutes les Bretonnes au Moyen Ăge.-Cette fin de semaine, Rendez-vous de l'histoire Ă Blois et parution d'une biographie, signĂ©e JoĂ«l Cornette, dâAnne de Bretagne qui est morte... Ă Blois, en 1514. Deux fois reine de France par son mariage avec Charles VIII puis avec Louis XII, elle y a rĂ©sidĂ© les annĂ©es du rĂšgne de son deuxiĂšme Ă©poux dans le chĂąteau de la ville, "bel, grand, fort et plantureux". Le personnage d'Anne de Bretagne demeure entourĂ© d'une double mythologie elle aurait Ă©tĂ© "la duchesse en sabots" Ă cause de sa proximitĂ© supposĂ©e avec le peuple et de par sa farouche dĂ©termination Ă dĂ©fendre l'indĂ©pendance de son duchĂ© de Bretagne, une hĂ©roĂŻne de l'Armorique. Quand on la cĂ©lĂšbre en effet, on laisse entendre que l'histoire de la France aux XVĂšme-XVIĂšme aurait pu tourner autrement. AprĂšs tout, d'autres Ă©tats que le royaume capĂ©tien Ă©taient en gestation. La Bourgogne bien sĂ»r, le Bourbonnais aussi et la Bretagne Ă©videmment. Le duchĂ© n'avait qu'un petit million d'habitants mais il se prĂ©sentait d'un seul tenant et sa prospĂ©ritĂ© fondĂ©e notamment sur la fortune de la toile, pouvait faire envie. Jean KerhervĂ© a bien montrĂ© qu'il s'est peu Ă peu dotĂ© des structures d'un Ă©tat chancellerie, conseil, parlement, trĂ©sorerie, chambre des comptes... Enfant, Anne a vĂ©cu dans une cour au chĂąteau de Nantes qui aurait pu en remontrer Ă celle qu'elle connaitra plus tard Ă Blois. -Oui mais le duc François II, son pĂšre, a Ă©tĂ© battu par les Français Ă Saint-Aubin du Cormier et il est mort tout de de suite aprĂšs, laissant Anne, 11 ans, bien dĂ©munie. Et contrainte, en 1491, Ă 14 ans d'Ă©pouser le roi de France Charles VIII. Mais JoĂ«l Cornette montre que, dans le rapport de forces avec la France, elle jouera de toutes les cartes qui pourront se prĂ©senter Ă elle. Certes, Anne qui passera sa vie en grossesses successives - elle aura neuf enfants- aurait pu espĂ©rer pouvoir garder en vie un hĂ©ritier mĂąle. Ce ne fut pas le cas mais la mort prĂ©maturĂ©e de Charles VIII -dont la tĂȘte heurta malencontreusement un linteau de porte trop bas en 1498- lui donna soudain du jeu. Et, rusĂ©e comme elle Ă©tait, elle mena bien sa partie. Son premier Ă©poux lui avait tenu la bride en Bretagne, elle obtint de son deuxiĂšme roi de France, Louis XII, qu'il vĂźnt la chercher en grande pompe en son chĂąteau de Nantes retrouvĂ©. Et une fois les noces cĂ©lĂ©brĂ©es, elle rĂ©ussit Ă gouverner son duchĂ© Ă peu prĂšs Ă sa guise. Il est vrai que Louis XII qui sera surnommĂ© "le pĂšre du peuple" Ă©tait un roi tempĂ©rĂ© - sauf quand il guerroyait en Italie mais, mĂȘme en ces moments, il n'Ă©tait pas trĂšs prĂ©occupĂ© par la "nation française", il Ă©tait europĂ©en... -Et si Anne Ă©tait morte plus tard ? Elle aurait tentĂ© d'assurer l'avenir de son deuxiĂšme enfant d'avec Louis XII, auquel son contrat de mariage assurait l'hĂ©ritage de la Bretagne. Elle s'appelait RenĂ©e et s'avĂšrera trĂšs douĂ©e mais elle n'avait que 4 ans Ă la mort d'Anne. A lire JoĂ«l Cornette, l'Ă©vĂšnement dĂ©cisif pour l'union de la France et de la Bretagne, ce n'est pas son premier mariage avec son premier roi, c'est son dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© qui laisse le second inconsolable. Louis XII organise des obsĂšques d'une ampleur inouĂŻe. Les obsĂšques d'une femme aimĂ©e mais les obsĂšques d'une reine de France plus encore que d'une duchesse de Bretagne. Les autoritĂ©s du duchĂ© sont certes prĂ©sentes mais le parcours est flĂ©chĂ© vers Saint-Denis, la sĂ©pulture royale oĂč Louis dit qu'il brĂ»le de la rejoindre bientĂŽt. Les cĂ©rĂ©monies de 1514 dureront 74 jours. 74 jours ! Exposition du corps Ă dĂ©couvert Ă Blois. Puis... "Ah souveraine et notable princesse faut-il pour jamais perdre la vue de votre noble face"... exposition du cercueil fermĂ©. Au bout de trois semaines, grand'messe. Enfin une procession de plusieurs milliers de personnes, une vraie ville ambulante, s'Ă©branle de Blois vers Paris. Nous sommes dans les frimas de fĂ©vrier, les chemins sont boueux et incertains, on finit tout de mĂȘme par parvenir Ă la capitale oĂč un service grandiose a Ă©tĂ© prĂ©parĂ© Ă Notre-Dame. Enfin, c'est l'ultime Ă©tape Ă Saint-Denis. Un prĂ©dicateur dominicain accompagne de ses sermons ce grand charroiement. Anne Ă©tant morte Ă 37 ans, il cĂ©lĂšbre en 37 Ă©loges ses 37 vertus. -Les Bretons auraient prĂ©fĂ©rĂ© que Louis XII consacre moins d'argent Ă ces funĂ©railles et respecte le testament de son Ă©pouse. Le testament ? OĂč avez-vous vu un testament ? Pour JoĂ«l Cornette, Anne en avait Ă©videmment rĂ©digĂ© un pour faire valoir les droits de sa fille RenĂ©e. Eh bien, on n'en trouvera nulle trace. Faute de garçon survivant, Louis XII avait fait de François d'AngoulĂȘme son hĂ©ritier. Il le marie Ă la jeune Claude, l'ainĂ©e des filles qu'il eut d'Anne. RenĂ©e s'en trouva Ă©clipsĂ©e. Elle tentera plus tard de rĂ©clamer son dĂ». En vain. François Ier aura eu le temps de siphonner la Bretagne qui sera officiellement rattachĂ©e Ă la France en 1532. Quand la RĂ©publique cĂ©lĂšbrera l'anniversaire de cet Ă©vĂ©nement en 1932, les autonomistes bretons saboteront le train du prĂ©sident du Conseil Ă l'emplacement exact de la frontiĂšre des deux Ă©tats et feront sauter le monument qui, Ă Rennes, cĂ©lĂ©brait l'union. Anne n'a pas fini de faire parler d'elle. Le livre que lui consacre JoĂ«l Cornette est de son aveu mĂȘme le cinquantiĂšme. On ne sache pas que Charles VIII ou Louis XII provoquent pareil intĂ©rĂȘt. Ouvrage JoĂ«l Cornette Anne de Bretagne Gallimard L'Ă©mission Intelligence Service du samedi 9 octobre sera en public et en direct depuis les Rendez-vous de l'Histoire de Blois auditorium de la bibliothĂšque abbĂ© GrĂ©goire
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